Politique, entreprises, médias : Où en est-on en matière d'égalité homme-femme ?

La Journée internationale des droits des femmes est le moment idéal (même s'ils le sont tous) pour réfléchir à la place de la gent féminine au sein de la société. En pleine campagne pour les élections municipales, un sexisme ambiant est à noter et un rapport a récemment montré que les préjugés misogynes ont la dent dure... dans le monde entier. Toutefois, quelques avancées en matière d'égalité sont à relever. Tour d'horizon de la situation.

Politique, entreprises, médias : Où en est-on en matière d'égalité homme-femme ?
© Paco Fregsgsgire / SOPA Images/Sipa U/SIPA

De nombreuses avancées restent encore à accomplir. Certes, les droits des femmes ont (heureusement) relativement progressé ces dernières décennies, mais le combat pour l'égalité est plus que jamais d'actualité. À Paris et dans d'autres villes de France, plusieurs dizaines de milliers de femmes se sont rassemblées pour la "Marche des grandes gagnantes", à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars 2020. En référence à l'icône de la culture populaire américaine Rosie la riveteuse, les femmes ont revêtu un bleu de travail et un bandana rouge noué sur la tête et ont procédé à un "jeté de gants de ménage" d'après Ouest France, afin de symboliser l'inégale répartition des tâches domestiques ainsi que les inégalités salariales.
Par ailleurs, les femmes ont été appelées à faire une véritable "grève féministe" en cette journée, loin d'être chômée pour beaucoup d'entre elles. "Le dimanche, toutes les femmes travaillent : elles cuisinent, font le ménage, s'occupent des enfants", a déclaré Suzy Rojtman, du Collectif national pour les droits des femmes. En matière d'égalité entre les genres, de nombreux progrès restent à accomplir, malgré le long chemin que nous avons déjà parcouru.

Les préjugés sexistes ont la dent dure

Pour que les choses changent, les mentalités doivent évoluer. En effet, une étude menée par le Programme des Nations unies pour le développement a fait un constat accablant : neuf personnes sur dix, dans le monde, ont encore des préjugés sur la gent féminine. Un chiffre affolant qui a été déterminé sur la base de sondages effectués au sein des 75 pays représentant plus de 80% de la population mondiale.

Ainsi, la plupart des interrogés pensent que les hommes sont plus aptes à diriger un pays ou une entreprise ou qu'aller à l'université est plus utile pour un homme que pour une femme. Des clichés qui ont la dent dure, notamment au Pakistan (99,81%) ou au Qatar (99,73%). Les pays où ce genre de stéréotypes perdurent le moins sont l'Andorre (27,01%) et la Suède (30,01%). En ce qui concerne la France, pas moins de 56% des sondés ont encore des préjugés sexistes. C'est beaucoup trop.

Le sexisme en politique : les candidates aux élections municipales racontent

L'un des milieux où le sexisme est particulièrement prégnant est la politique. Alors que la campagne pour les élections municipales bat son plein, Le Parisien a remarqué que, si 23% des candidates têtes de listes dans les communes de plus de 1000 habitants sont des femmes (le chiffre n'a jamais été aussi élevé), elles sont nombreuses à subir des remarques misogynes, voire pire. Le quotidien a recueilli plusieurs témoignages marquants, dont celui de Christelle Maurin, qui brigue la mairie de Marcheprime en Gironde. "J'entends dire que je ne serai pas une maire compétente, pas dispo, voire indisposée", a-t-elle déploré.

Pour Martine Vassal, candidate LR à la mairie de Marseille, les attaques ont été violentes. En plus de tags sexistes dessinés "sur la façade de son domicile", elle a été confrontée à la distribution en masse de tracts publicitaires qui consignaient les "déboires judiciaires" de son fils. Et d'expliquer au Parisien : "Il y a plus de sexisme émanant de camarades élus que de l'électorat. On vous regarde plus pour votre enveloppe charnelle que vos compétences".

Malheureusement, ce genre de comportement est loin d'être une exception. Elodie Martinez, candidate à Remoulins, dans le Gard, a vu un homme se retirer de sa liste car il ne supportait pas "se faire commander par une femme". Sandrine Haquard, qui brigue la mairie de Saint-Raphaël a été caricaturée en Bécassine, et un citoyen de Saint-Clément-de-Rivière (Hérault) a déjà demandé à Christine Rachet Maka pourquoi elle se présentait aux élections municipales à la place de son époux.

Inégalités homme-femme au travail : les entreprises doivent rendre des comptes

Dans le monde de l'entreprise, la misogynie est également loin d'être un phénomène en voie de disparition. Depuis la mise en place de l'index de l'égalité professionnelle, les grandes entreprises doivent rendre compte de leurs résultats en matière d'égalité homme-femme. Cette année, Coca Cola France s'est par exemple targuée d'avoir obtenu le bon score de 98/100.

Toutefois, 19 entreprises de plus de 1000 salariés ont fait part de leur mauvais résultat, inférieur à 75/100, tels que Ufifrance Patrimoine, Securitas France ou encore Derichebourg. "Si dans deux ans elles conservent cette mauvaise note, elles s'exposent à une amende de 1% de la masse salariale chaque année", a détaillé Muriel Pénicaud, ministre du Travail, à Libération. L'outil de l'index de l'égalité professionnelle sera-t-il efficace sur le long terme pour atténuer (voire supprimer, voyons les choses en grand) les inégalités de genre dans le monde de l'entreprise ? 

Parité dans les médias : un léger progrès

S'il est toutefois un secteur dans lequel on peut remarquer un (très léger) progrès en matière d'égalité, c'est celui des médias. À la télévision et à la radio, les femmes sont un peu mieux représentées. Dans un rapport publié au début de mars 2020 par le CSA, il est souligné que la présence de la gent féminine dans les médias en 2019 a augmenté de 2% par rapport à 2018.

La part de femmes à l'antenne ou sur les ondes est donc passée à 40 %. Le combat n'est donc pas encore gagné, mais les petites avancées notables insufflent un certain vent d'espoir dans nos esprits.