Légumes verts et fruits secs : alerte au sexisme dans votre assiette 

Est-ce réservé exclusivement aux hommes de manger une entrecôte saignante en buvant une bière fraîche ? On espère que non… Pour comprendre ce qui se joue à notre insu dans nos habitudes alimentaires, une étude Kantar Worldpanel a traqué les repas pendant une année, et de manière hebdomadaire, de 530 hommes et femmes en France. Résultat : la consommation de protéines animales à la semaine était la même pour les hommes et les femmes. L'étude de cas ne montre donc pas de différence de consommation extrême mais plutôt quelques atypismes qui prêtent à sourire : les femmes consomment beaucoup plus de surimi (un vieux reste du régime Dukan) et préfèrent les plats dits "raffinés" comme le tournedos, le carpaccio ou le faux filet…

Une construction sociale et culturelle

"On ne naît pas femme, on le devient " disait Simone de Beauvoir… Et bien, on ne naît pas amatrice de salade et de poisson, on le devient aussi. La neurobiologiste Catherine Vidal explique que le cerveau d'une femme n'est pas responsable de ses goûts culinaires… La responsable encore une fois c'est la société, et plus particulièrement l'éducation. Décidément, les clichés sont tenaces ! "On élève une petite fille avec douceur et un petit garçon avec ferveur et cela contribue à forger certains goûts alimentaires", explique t-elle. C'est d'ailleurs toute jeune que la femme apprend à suivre le fameux diktat : sois belle et tais-toi. La fillette se frotte à l'apprentissage de la privation et du délicat dans le but d'atteindre un objectif ultime: séduire…

Manger pour être féminine et séduisante

Car oui, la beauté aux yeux de la société ça passe aussi par l'assiette. Le culte du corps parfait, les canons de beauté, les images diffusées par les médias… Tout cela sont des injonctions qui renforcent les stéréotypes alimentaires. Par conséquent, on voit que les femmes s'intéressent plus aux arguments nutritionnels dans une perspective de contrôle de poids. Autre point : le repas joue un rôle important dans le processus de séduction. "Manger léger est associé à l'idée de féminité" , explique la psychanalyste Caroline Weill… "Pour un premier rendez-vous amoureux, la femme choisira plutôt une viande blanche ou une salade tandis que l'homme lui montrera sa virilité par l'excès et par la consommation de viande rouge", continue t-elle.

La domination masculine dans nos assiettes

Jean Trémolières, fondateur de l'école nutritionnelle française disait : " A travers les aliments, on choisit qui on veut être ". Le problème est que si l'on étudie la place des femmes dans l'Histoire on voit qu'elles n'ont presque jamais eu le choix. De nombreuses recherches anthropologiques ont montré que dans les sociétés de tous temps, les hommes étaient nourris de viande rouge, des graisses et des morceaux nobles. Les femmes mangeaient alors des céréales, de la viande blanche et des bas morceaux… Les restes donc !  Le sociologue Jean Pierre Poulain y voit une origine médiévale. Pour les aristocrates, le découpage de la viande avec une arme était primordial. Évidemment exclusivement réservée aux hommes, cette activité permettait d'accéder au pouvoir. La viande a donc toujours été le symbole de la force et de la domination. Ceci explique encore une fois beaucoup de choses... 

Mais nous sommes aujourd'hui en 2019. Le temps est venu pour les femmes de choisir une alimentation qui leur fait plaisir avant tout. Alors Mesdames, que vous soyez végétariennes, fanatiques de steak tartare, accros au fromage, folles d'andouillette… Assumez votre assiette et battez-vous contre les stéréotypes alimentaires !