Ménage à deux, très peu pour eux : les femmes, premières de corvée

La loi des 35 heures, instaurée il y a près de 20 ans, a permis aux Français de réduire leur temps de travail et d'augmenter la part du temps libre. Mais cette réforme n'a pas réglé pour autant la question de la répartition des tâches à la maison : les femmes s'occupent toujours davantage des tâches domestiques...

Ménage à deux, très peu pour eux : les femmes, premières de corvée
©  Kitz Corner

"Que les femmes soient à 35h ou à 39h, elles en font toujours plus que les hommes". C'est ce qu'affirment les sociologues Ariane Pailhé et Anne Solaz dans un article publié fin 2019 dans la Revue européenne de sociologie. En effet, on aurait pu penser que le passage aux 35h, permettant aux Français de disposer de plus de temps libre, bousculerait la répartition des tâches domestiques. Il n'en est rien. Si les femmes et les hommes ont pu avoir accès à part égale à "plus de temps de loisirs et moins de pression temporelle", ils ne sont toujours pas égaux quant au temps investi dans les tâches ménagères à la maison.
D'après l'enquête "Emploi du Temps", publiée en 2010 par l'Insee, les femmes qui travaillent 35h consacrent 160 minutes par jour (y compris les week-ends) aux tâches ménagères. Les hommes, qui travaillent le même nombre d'heures, sont très loin derrière avec 105 minutes de tâches ménagères par jour. Mais la loi des 35h a tout de même permis une évolution non négligeable. Par rapport à ceux travaillant 39 heures hebdomadaires, les hommes qui sont au boulot 35 heures par semaine consacrent 12 minutes de plus par jour aux tâches domestiques ! (105 minutes contre 93). 

Fées du logis versus roi du bricolage : une répartition des tâches stéréotypée

Toutefois, Ariane Pailhé, spécialiste des questions de genre à l'Institut national des études démographiques, explique à l'AFP que cette réforme a contribué à "renforcer l'asymétrie dans le partage des tâches entre les sexes".

En effet, les hommes investissent ces 12 minutes dans des tâches comme le bricolage, les réparations, les courses ou le jardinage, tandis que les femme restent cantonnées aux corvées des repas, des lessives, du ménage et sont les plus touchées par le poids de la charge mentale au boulot

Mais la sociologue affirme que cette réforme a tout de même  "été synonyme d'une amélioration du bien-être et d'un relâchement de contrainte" pour les femmes. Avec ce temps libre supplémentaire, les femmes ont pu passer plus de temps avec leurs enfants (environ 5 minutes de plus par jour) et arrêter de cumuler les tâches.