Inscrire le terme FEMINICIDE dans le code pénal, vrai ou faux débat ?

Le Grenelle des violences faites aux femmes vient de s'ouvrir avec, à la clé, des sujets qui interrogent le Droit. Parmi ces questions, celle de l'inscription dans le Code Pénal du terme "féminicide", préoccupe les associations féministes. A tort ou à raison ?

Inscrire le terme FEMINICIDE dans le code pénal, vrai ou faux débat ?
© Gilles Paire

L'urgence est partout. Dans les structures d'accueil, l'accompagnements des femmes avec ou sans enfants, en amont, après avoir porté plainte, la formation des forces de l'ordre.
Le Grenelle contre les violences conjugales, qui se tient jusqu'au 25 novembre, doit aboutir à une série de mesures concrètes et d'envergure. Une condition indispensable pour agir, enfin. Et ne plus se contenter de comptabiliser chaque jour ou presque l'ampleur des dégâts. Dans un tel contexte, certaines associations féministes s'interrogent et exigent même l'inscription dans le Code Pénal du mot féminicide.
Le terme, qui définit le meurtre d'une ou plusieurs femmes ou filles en raison de leur condition féminine, est largement utilisé dans le langage courant.
"Il s'agit d'un faux débat qui masque les difficultés du manque de moyens. Pour moi, féminicide n'a pas vocation à être dans le code pénal. Une femme n'est pas tuée juste parce que c'est une femme, ce serait résumer les choses, présenter les femmes comme des victimes par nature", commente l'avocate Céline Lasek. Pour celle qui exerce principalement le droit pénal, "le code comporte déjà une aggravation à partir du meurtre par conjoint ou ex-conjoint de 30 ans à la perpétuité et une autre aggravation commise en fonction du genre".

Comment considérer devant une cour d'assise qu'une femme a été tuée parce qu'elle est juste une femme ? "Cela n'a pas de sens de placer tous ces meurtres de femmes derrière un mot. Inscrire féminicide dans le Code Pénal n'empêchera pas le meurtre de femmes", estime Céline Lasek. "Il faudrait plutôt trouver un terme comme conjointicide", remarque l'avocate My-kim Yang-paya tout en rappelant que les mots infanticide et parricide ont été supprimés du Nouveau Code Pénal en 1994. "

C'est un débat d'intellectuels et de politiques pour tenter de mettre un peu de politique dans le code pénal", glisse Céline Lasek, convaincue que l'enjeu se situe davantage dans le déploiement de moyens humains et matériels.

Soutenir et écouter en amont les femmes victimes de violences conjugales reste une priorité. Pour leur permettre de se sentir, un peu, en sécurité.