Marlène Schiappa veut virer les "relous" des quartiers

La ministre déléguée à la Citoyenneté a ses idées (et son vécu) contre le harcèlement de rue. Marlène Schiappa parle de QSR "quartiers sans relous"...

Marlène Schiappa veut virer les "relous" des quartiers
© Marlène Schiappa le jeudi 15 avril 2021 à l'occasion de la semaine internationale contre le harcèlement de rue / CELINE BREGAND/SIPA

Déclarée grande cause du quinquennat du président de la République, l'égalité entre les femmes et les hommes peine pourtant toujours à se faire sentir.
Pour aider à lutter contre le harcèlement de rue, la ministre déléguée à la Citoyenneté Marlène Schiappa dévoile dans 20 Minutes l'objectif du gouvernement de créer des espaces où les femmes pourront circuler dans la rue sans être importunées.

"Zones rouges du harcèlement de rue" et "quartiers sans relous"

Pour y arriver l'exécutif va lancer dès le mois d'août 2021 un baromètre annuel pour cartographier les endroits où le harcèlement de rue est le plus présent. Une fois ces zones rouges du harcèlement définies, le gouvernement entend mettre en place les outils nécessaires pour l'éradiquer

Marlène Schiappa explique dans son interview: "Sur la base des verbalisations, des plaintes enregistrées, des observations des forces de l'ordre et des remontées des associations concernées, ce groupe réalisera une cartographie de la France pour identifier des 'zones rouges' du harcèlement de rue."

Concrètement, 2000 des 10000 policiers qui sont amenés à être recrutés dans les prochains mois iront grossir les rangs des brigades anti-harcèlement. "Des policiers en civil pourront par exemple intervenir par surprise dès lors que des phénomènes de harcèlement de rue seront constatés, puis verbaliser." continue-t'elle. 

Le but est d'arriver à avoir des "quartiers sans relous" selon ses mots dans lesquels les femmes pourront se sentir en sécurité.

Marlène Schiappa elle-même victime d'une expérience traumatisante

Si ce projet tient tant à coeur à l'ancienne secrétaire d'Etat chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, c'est qu'elle a elle-même été victime d'une expérience de harcèlement de rue traumatisante

Et pour tenter de contrer l'idée que ces comportements ne se dérouleraient seulement dans les quartiers populaires, elle a raconté dans TPMP son expérience vécue dans le centre de Paris: "J'étais déjà mère de famille, j'étais trentenaire, j'ai été suivie dans un train par un type qui était bien sous tous rapports, à la gare Montparnasse. Il était en costume-cravate, avec une petite mallette et un gobelet Starbucks. Il m'a suivie, j'ai eu la peur de ma vie, je m'en suis sortie je ne sais pas comment."

Pour rappel, depuis l'entrée en vigueur de la loi en 2018 pour lutter contre le harcèlement de rue, un peu plus de 3000 verbalisations pour outrage sexiste ont été enregistrées.

Le "relou" un comportement difficilement qualifiable

Pour la militante féministe Fatima Benomar, difficile de cependant de qualifier la lourdeur aux yeux de la loi. Elle insiste sur la distinction entre ce que l'on qualifie généralement de harcèlement de rue et les outrages sexistes. "Un homme qui vous traite de "Sale pute" dans l'espace public n'est pas un relou. C'est un délinquant qui vous inflige une injure sexiste publique, passible d'un an de prison et de 45 000 € d'amende." dit-elle. "Un homme qui vous assène des menaces de viol commet un délit passible de 5 ans de prison, tout comme le frotteur qui réalise une agression sexuelle".

La co-fondatrice de l'association Les Effrontées préfère insister sur un travail de prévention et d'éducation qui seraient selon elle un bien meilleur moyen de lutter contre le harcèlement de rue.