Victime d'une fausse couche au Salvador, elle écope de 30 ans de prison

Bien loin des promesses de liberté des femmes à disposer de leur corps, le Salvador fait une nouvelle fois parler de lui pour sa politique anti-avortement extrêmement dure: une jeune femme vient d'être condamnée à trente ans de prison pour avoir perdu le bébé qu'elle attendait.

Victime d'une fausse couche au Salvador, elle écope de 30 ans de prison
© Rodrigo Sura/EFE/SIPA (publiée le 19/05/2022)

La peine est bien lourde pour Esme - dont le prénom a été changé -, comme le relaie le journal Le Monde. Cette jeune femme salvadorienne vient d'être condamnée le lundi 9 mai à trente années de prison, trois décennies derrière les barreaux, pour le seul "crime" d'avoir perdu son bébé. Après avoir fait une fausse couche et perdu son foetus il y a deux ans, elle avait appelé les urgences, lesquelles ont préféré la dénoncer plutôt que de lui apporter de l'aide nécessaire, comme l'explique le Collectif Citoyen pour la Dépénalisation de l'Avortement.

Esme, dénoncée à la police puis accusée d'homicide après sa fausse couche

Arrêtée par la police pour suspicion d'avortement illégal, elle a été accusée d'homicide. Depuis deux ans, Esme purge une peine de prison, et voit donc avec ce jugement extrêmement lourd son séjour se prolonger. Atterrée par cette décision injuste et arbitraire, son avocate Karla Vaquerano a confié avoir l'intention de faire appel de la décision de justice. Car loin des paysages de carte postale de ce petit pays d'Amérique Centrale, le Salvador fait régulièrement les gros titres pour ses prises de position très sévères à l'égard de l'avortement.

Le Salvador, l'un des 7 pays à interdire l'avortement

Comme au Honduras, au Nicaragua, à Haïti ou encore au Surinam, l'avortement est interdit par Le Salvador. Peu importe que les femmes ont été violées, vivent des grossesses à risques, ou encore nécessitant des interruptions médicales, pas question pour elles de disposer de leur corps et de leur santé. Ce pays très catholique voit d'un mauvais oeil les mouvements féministes de libération de la femme, et assimile bien souvent les fausse couches à des avortements dissimulés. Une déception pour les collectifs oeuvrant à faire changer les mentalités, qui avaient placé beaucoup d'espoir avec l'élection en 2019 du président Nayib Bukele, pourtant favorable lors de sa campagne (sous certaines conditions) à la dépénalisation de l'interruption volontaire de grossesse (IVG).