Agnès B., victime d'inceste, raconte atrocités et séquelles

La styliste Agnès B. a été victime d'inceste par son oncle, à l'adolescence. Des actes terribles qui l'ont "marquée à vie". Tristes confidences...

Agnès B., victime d'inceste, raconte atrocités et séquelles
© BALTEL/SIPA

Agnès B. en parle pour que d'autres enfants n'aient jamais plus à en souffrir. La styliste française a été victime d'inceste par son oncle, dès l'adolescence. "À 16 ans je me dis: c'est pas possible. J'en parle à ma mère qui réagit à peine, ce qui m'a fait du mal. Je me suis mariée à 17 ans pour échapper à ça aussi. Sans doute. Sûrement même", a-t-elle expliqué à LCI.
Pendant de longues années, la créatrice de mode, désormais âgée de 79 ans, s'est murée dans le silence. Faire appel à la justice était impensable, surtout à une époque où la parole des femmes était encore plus dénigrée. 
"J'étais très timide, j'ai commencé à en parler vers 30 ans, je crois, quand j'ai eu la boutique rue du Jour où je me suis sentie tout à coup épanouie avec mon deuxième mari", a-t-elle ajouté.

Agnès B. face à l'inceste : son "exorcisme"

C'est en 1979 qu'Agnès B. a épousé son second mari, Jean-René Claret de Fleurieu, beau-fils de Pierre Mendès France. En 1984, elle a ouvert sa galerie, 6 rue du Jour. L'amour, le succès, la styliste avait tout pour être heureuse. Mais le souvenir de l'ombre menaçante de son oncle envahissait encore son esprit. 

En 2014, Agnès Troublé, de son vrai nom, a réalisé le film Je m'appelle Hmmm, qui évoque l'inceste et raconte les tourments d'une préadolescente de 11 ans. 

La réalisation et l'aboutissement de ce projet a été un véritable "exorcisme" pour Agnès B. Une manière de faire jaillir la lumière de l'obscurité la plus épaisse.

"Cela marque à vie"

"C'est ça qui m'intéresse dans toute cette histoire, c'est d'avoir réussi à en faire quelque chose finalement. Cela marque à vie, tout simplement, c'est une chose qui vous marque à vie", a-t-elle expliqué.

Et d'ajouter, toujours sur LCI : "C'est pas du tout que j'ai envie d'en parler, mais je me sens un peu obligée de le faire pour essayer de protéger d'autres enfants".

Seuil de non-consentement à 18 ans : ce qu'elle en pense

Ravie à l'idée que l'omerta autour de l'inceste soit "en train de tomber" grâce au livre de Camille Kouchner, La Grande Familia, Agnès B. connaît néanmoins le lourd tribut que les victimes doivent payer pour révéler la vérité: "Cela fait des ravages autour, c'est compliqué de parler de ça, de témoigner. Cela fait beaucoup de mal en fait".

Quant aux nouvelles mesures mises sur la table par le gouvernement, comme la mise en place d'un seuil de non-consentement à 18 ans pour les victimes d'inceste, Agnès B. s'en est réjouie, mais a rappelé que le combat était loin d'être gagné: "Cela ouvre des portes. Cela change des choses, sûrement, mais est-ce que ça va être dissuasif? Je n'en suis pas sûre, je ne suis même pas sûre que les prédateurs se rendent compte de ce qu'ils font".