Cécile Duflot et sa fille, menacées de viols et de mort : 3 ans d'enfer

Cécile Duflot est à bout. La dirigeante d'Oxfam France est harcelée depuis trois ans par un homme de 22 ans (qui avait infligé le même traitement à Laëticia Milot). Messages scatologiques, menaces de viols et de mort, appels incessants : l'ex-députée vit un calvaire... au point qu'elle a décidé de se retirer des réseaux sociaux.

Cécile Duflot et sa fille, menacées de viols et de mort : 3 ans d'enfer
© Alain ROBERT/SIPA

Voilà trois ans que Cécile Duflot, ancienne ministre de l'Écologie est harcelée par un homme qui ne lui lâche pas les baskets, en dépit des procès et des multiples condamnations dont il a écopées. Épuisée, l'ex-députée a donc décidé de se retirer des réseaux sociaux et a expliqué les raisons de ce repli sur Twitter, le 1er décembre: "Un homme me harcèle par différents moyens. Il y a eu trois procès, il est allé en prison. Il vient de rerererecommencer".
Elle a évoqué "des dizaines de messages, même argumentaire et menaces régulières de me tuer, violer ma fille et moi ou se tuer". Et de détailler: "Ce que j'ai appris c'est que cela abaisse mes défenses naturelles - plutôt bonnes. Ce n'est pas simple de parler de cela, même pour moi. Mais comme je pense qu'il faut que ce sujet avance, il faut que certains comprennent que ça existe pour de vrai, que les discours à la con infusent sur les esprits fragiles et que le passage à l'acte existe".

"Ce n'est pas drôle du tout. Il ne faut pas minimiser"

Elle a également publié l'un des nombreux messages envoyés par son harceleur, sur le compte social.

"Vous avez tellement le cerveau cramé par votre propagande féministe que vous êtes incapable de faire la différence entre un violeur / agresseur et un gars qui vous drague parce qu'il vous aime et qu'il veut se marier avec vous (...) Si vous ne vouliez pas que j'ai des sentiments pour vous, il ne fallait pas faire de politique, il ne fallait pas faire un métier qui fait que vous avez une notoriété publique", lit-on. 

"En fait, ce n'est pas drôle du tout. Il ne faut pas minimiser, ne pas hésiter à porter plainte. (...) Si en parlant, ça peut aider à ce qu'on prenne au sérieux ce qui arrive à d'autres femmes", a-t-elle expliqué au micro de France Inter, face à Léa Salamé.

Elle a également déploré le manque de "moyens de la Justice" et l'absence de suivi judiciaire. Et d'ajouter : "Il va y avoir un 4e procès en 3 ans, ce n'est pas normal".

Messages scatologiques, menaces... son enfer depuis trois ans

L'homme désormais âgé de 22 ans, originaire d'Osny dans le Val d'Oise, est jugé une première fois en avril 2018, après avoir envoyé des myriades de messages dans lesquels il professait son amour auprès de Cécile Duflot.

Verdict ? Il est condamné à 6 mois de prison ferme et fait même part de remords. "Si j'avais su que je causais un préjudice à madame Duflot, j'aurais tout de suite arrêté", déclare-t-il devant le tribunal correctionnel de Pontoise. 

Mais cela n'empêche pas le jeune homme, prénommé Stephen, de récidiver. À peine quelques semaines plus tard, il reprend contact avec l'ex-ministre du Logement et lui envoie, cette fois, des messages scatologiques.

Condamnations et récidives

Stephen, qui avait également harcelé l'actrice Laëtitia Milot lorsqu'il était mineur, va jusqu'à se déplacer sur le lieu de travail de la dirigeante d'Oxfam France pour y déposer des cartes postales, téléphone sans cesse à son domicile et contacte même sa fille adolescente sur son portable

Il est de nouveau jugé fin 2018, assure qu'il est dans un "cercle vertueux" depuis qu'il voit un psychiatre et fait part de son désir de poursuivre sa licence de mathématiques. Il est incarcéré quelques mois.

Cécile Duflot, priée de se cacher

Mais le répit est de courte durée. Le harceleur reprend sa sinistre occupation. "Dès sa sortie, a repris le harcèlement avec un crescendo dans la violence (des propos, ndlr). On est passé du harcèlement aux menaces de mort", a expliqué Me Bouzenoune, l'avocat de Cécile Duflot, à l'AFP.

Plusieurs fois, la police contacte Cécile Duflot pour lui donner des consignes de vigilance. "La dernière fois on m'a appelée pour me dire :m 'attention il vous cherche, cachez-vous'", a raconté la dirigeante d'Oxfam France au micro de France Inter.

Désormais, cette maman de trois filles et un garçon espère qu'en faisant profil bas, son enfer cessera...