Voir ou ne pas voir J'ACCUSE de Roman Polanski : au cœur du scandale

Le film "J'Accuse" de Roman Polanski sort ce mercredi au cinéma. Face à de nouvelles accusations de viol contre le réalisateur, la sortie du long-métrage fait grincer des dents et l'équipe du film est évincée des médias... A juste titre ?

Voir ou ne pas voir J'ACCUSE de Roman Polanski : au cœur du scandale
©  JAN GRACZYNSKI/SIPA

Le réalisateur franco-polonais de 86 ans, Roman Polanski, est dans la tourmente. Alors qu'il devait assurer la promotion de son dernier film portant sur l'Affaire Dreyfus, J'Accuse, en salles ce mercredi 13 novembre, le cinéaste se voit interdit d'émissions radios et télé.
En cause, une nouvelle révélation accablante : Valentine Monnier, mannequin et photographe raconte comment Roman Polanski l'a violée il y 40 ans.  
Le cinéaste a déjà été accusé des mêmes atrocités
par 4 autres femmes, mais seule une affaire, celle de Samantha Gailey, a pu se conclure devant les tribunaux comme le rapporte Le Point. En 2010, l'actrice britannique Charlotte Lewis accuse le réalisateur de l'avoir violée à 16 ans, en 1983. En 2017, deux autres femmes, une mystérieuse Robyn et l'ancienne actrice Renate Langer, accusent à leur tour Polanski pour des faits qui remontent respectivement à 1973 et 1972, lorsqu'elles avaient 16 et 15 ans.
Valentine Monnier est donc la première Française a accuser Roman Polanski de viol. Selon elle, les faits remonteraient à 1975, alors qu'elle était âgée de 18 ans et qu'elle passait des vacances dans le chalet suisse du réalisateur. "Il me frappa, me roua de coups puis me viola [...] Chocs, mises en garde et jeunesse m'ont empêchée de parler, sous-tendus par un sentiment d'impuissance ; la France l'avait fait intouchable", raconte-t-elle dans les pages du Parisien.

Bien que les faits sont prescrits, ce nouveau témoignage fait l'effet d'une bombe, surtout après le témoignage d'Adèle Haenel, qui a déclaré avoir été victime d'"attouchements" et de "harcèlement sexuel" de la part de Christophe Ruggia lorsqu'elle avait 12 ans. D'ailleurs, cette dernière a dit répété son soutien à Valentine Monnier, à l'instar de Marlène Schiappa et Karin Viard. 

L'avocat de Roman Polanski, Me Hervé Temime, nie cette accusation "avec la plus grande fermeté" et réfléchit "aux suites judiciaires à apporter" à la publication du Parisien.

Roman Polanski et son équipe, privés de promo

Face à de telles accusations, l'équipe du film J'Accuse s'est décommandée à la dernière minute. En tout, ce sont cinq promotions dans des émissions télé et radios que les acteurs n'ont pas pu faire.
Ce dimanche, Jean Dujardin, qui interprète le colonel Picquart, devait promouvoir le long-métrage dans le 20h de TF1 mais s'est décommandé, tout comme Emmanuelle Seigner, la compagne de Roman Polanski qui joue également dans le film et devait être l'invitée de l'émission Boomerang sur France Inter, mardi 12 novembre. La chaîne France 5, qui a reçu Louis Garrel pour le C à Vous de ce lundi a choisi de ne pas diffuser l'interview, tout comme France Inter, qui devait introduire cet acteur qui tient le rôle principal du lieutenant Dreyfus, dans le numéro du lundi 11 novembre de l'émission Popopop d'Antoine de Caunes.
Le film sort néanmoins dans plus de 525 salles françaises.  

De son côté, le collectif Osez le Féminisme a publié une tribune sur Médiapart, dans laquelle les signataires dénoncent "l'inversion de la culpabilité" que le réalisateur commet. Coralie Miller, metteuse en scène et co-signataire, explique à Franceinfo :"Roman Polanski se met désormais dans les habits de Dreyfus, considérant qu'il est victime d'une cabale, d'une manipulation de la part d'inquisitrices que sont les femmes, à la fois ses victimes potentielles, et celles qui tentent de les défendre".

Si la question de voir l'oeuvre indépendamment de son auteur a été avancée, aucune salle n'a refusé de diffuser le film. En effet, Roman Polanski n'a ni été mis en examen ni été condamné mais, sur Twitter, certains internautes appellent à boycotter l'homme... et son film !