Polanski: les Américains ont (encore) essayé de l'arrêter

Traqué. La procédure courant contre lui pour pédophilie est toujours en instance en Californie et Roman Polanski n'a pas remis les pieds depuis plus de 35 ans aux Etats-Unis. Toujours recherché par la police US, le fugitif a failli être interpellé à Varsovie, mais...

Des accusations le visent depuis trois décen­nies pour avoir eu des rela­tions sexuelles avec une adolescente: Roman Polanski, citoyen polonais et français aujourd'hui âgé de 81 ans, papa de Morgane (21 ans) et Elvis (16 ans) avec sa Vénus Emmanuelle Seigner, est toujours poursuivi par la justice américaine qui a demandé au procureur général de Pologne d'engager une procédure d'extradition.
En déplacement à Varsovie où il assistait à l'inauguration du Musée d'Histoire des Juifs de Pologne, le cinéaste aurait pu se voir passer les menottes aux poignets, mais la requête des Américains ne remplissait  pas les critères requis par les accords internationaux.

En 2010 déjà, le procureur général polonais avait indiqué qu'une interpellation de Polanski n'était pas possible, car le geste qui lui est reproché est dans la loi polonaise déjà couvert par la prescription. Mais ce n'est pas le cas en droit américain et le metteur en scène de La Jeune Fille et la Mort, La Neuvième Porte, The Ghost Writer, Carnage, avait été emprisonné en 2009 à Zurich, où il était allé recevoir un prix, puis assigné à résidence en Suisse pendant quelques mois.

Rappel des faits

10 mars 1977. Alors qu'il met sur pelli­cule ses thèmes de prédi­lec­tion: la séduc­tion, le mystique, le sang, bref la plon­gée dans les enfers, sa vie disso­lue conduit Roman Polanski à entre­te­nir une liai­son avec une gamine de 13 ans. A l'is­sue d'une séance de photos qu'il réalise pour le maga­zine Vogue dans la demeure de Jack Nicholson à Holly­wood, Polanski a des rela­tions sexuelles avec son modèle, à qui il fait consom­mer de l'al­cool et un psycho­trope. Inter­pellé le lende­main par la police, le réali­sa­teur alors âgé de 43 ans exprime sa stupeur. Risquant en théo­rie 50 ans de prison, le metteur en scène scelle un marché avec le parquet et plaide coupable d'un seul de six chefs d'in­cul­pa­tion, procé­dure courante aux Etats-Unis qui évite un procès et ouvre la voie à une condam­na­tion directe.

Envoyé en "évalua­tion" pendant trois mois, le réali­sa­teur du Bal des Vampires passe 47 jours en prison. Le 31 janvier 1978, au sortir d'un entre­tien avec ses avocats Roman Polanski prend un avion pour la France, préfé­rant fuir que retour­ner derrière les verrous. Exilé depuis en Europe, Roman Polanski a toujours été toujours consi­déré comme un "crimi­nel en fuite" par la justice cali­for­nienne. Le génie du 7e Art n'est jamais retourné au Pays de l'Oncle Sam, ni pour rece­voir l'Oscar du meilleur réali­sa­teur qui lui a été décerné en 2003 pour Le Pianiste (souve­nirs d'une enfance brisée par les nazis), ni pour se recueillir sur la tombe de son épouse Sharon Tate, sauva­ge­ment assas­si­née par les adeptes du diabo­lique Charles Manson en 1969, alors qu'elle était enceinte de huit mois.

Péni­tence. Auteur de films deve­nus culte comme Tess, China­town, Frantic, Lunes de Fiel ou Rose­mary's Baby, Roman Polanski a conti­nué son œuvre de torture depuis son exil. Abor­dant la souf­france physique et mentale à travers ses person­nages, il a conjuré ses cauche­mars en nous les faisant parta­ger.

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Roman Polanski à Varsovie le 27 octobre 2014 © Bartosz Krupa/ENPOL/SIPA