Serkan Cura : Entretien avec un créateur généreux et passionné Les secrets de sa collection "Le jeu des dames"

Pour sa collection automne-hiver 2015-2016 baptisée "Le jeu des dames", Serkan Cura a de nouveau puisé son inspiration au cœur de la nature. "La Parisienne dont je vous parlais tout à l’heure, vous la mettez dans une montagne, dans une ambiance Reine des Neiges [le dessin animé culte de Disney]" nous dit-il, amusé. Un fil conducteur qui se prête parfaitement à la saison pour laquelle il a imaginé ses pièces. N'ayez crainte : dans la bande-son du défilé, aucun "Libéréééeee délivréééeee !" n'a été prévu.

"Imaginez donc cette femme française que j’ai vue marcher nonchalamment avec les mains dans les poches, dans la montagne entourée de sapins. Imaginez le ciel bleu, le sol blanc, le vent qui arrive, le froid. Puis ça évolue, il y a des flocons de neige qui bougent dans tous les sens", nous explique-t-il, en mimant le mouvement du vent sur les plumes qui ornent le manteau qu'il nous montre. Les cristaux Swarovski qui composent le bustier de la robe de mariée ? Ils évoquent le givre et la cristallisation dûe au froid. "Puis, d'un coup, la couleur arrive. Il y a du rose, du mauve, encore des cristaux puis, une boule de neige qui explose avec le manteau en plumes d'autruches, porté par mon mannequin androgyne. Puis, la mariée arrive, c'est l'autruche qui s'est transformée en princesse et qui va dans tous les sens." On tente à cet instant de mettre bout à bout toutes ces informations et on se figure un tableau où le grand froid est maître. Au vu de la précision et du caractère spectaculaire des quelques pièces que Serkan Cura nous montre, on sait déjà que cette collection est prometteuse.

Pourtant, pour cette nouvelle saison, le créateur semble avoir davantage pris confiance en lui. "Je me suis dit : “éclate-toi, fais de la nouveauté, tu dois te montrer, t’affirmer et t’assumer.” Il y a des pièces que je n'aurais jamais osé faire !" Quand certains lui font remarquer qu'il a encore en lui un peu de l'empreinte Gaultier, Serkan ne le nie pas. "Oui, son empreinte est là, mais depuis mes 13 ans je fais des corsets, des plumes et du cuir. J’ai essayé d'évoluer et aujourd'hui, je fais ce que je veux vraiment faire. Je crois que c’est la première collection où je le fais vraiment." Voilà un défilé qui devrait bel et bien marquer un tournant dans la carrière du couturier. En laissant ainsi libre-court à sa créativité, il prend enfin son envol – peut-être vers le sommet – pour mieux se réaliser.