Serkan Cura : Entretien avec un créateur généreux et passionné Son obsession pour la plume et la nature

Son inspiration, Serkan Cura la puise principalement dans la nature. Et cela ne date pas d'hier ! Pour son défilé de deuxième année à Anvers, le jeune créateur imaginait déjà une Marie-Antoinette en forêt, entourée par la nature ; dès qu'elle touchait un arbre, ce dernier s'imprimait sur ses vêtements. "Je vais dans les parcs, au zoo, dans les montagnes : toute la nature vient en moi. Elle m’inspire, je la protège."

Par ailleurs, sa passion pour la plume n'est pas incompatible avec ce fondement, puisque ces dernières tombent naturellement. Son amour pour cet élément caractéristique des oiseaux lui est apparu lorsqu'il avait 13 ans, lorsqu'il a acheté son premier oiseau de paradis empaillé aux puces. La première plume qu'il a récoltée ? "Celle des perroquets, ça a duré deux ans. La plume, c'est ma drogue. J'essaye néanmoins de trouver dans cette obsession une certaine technique". Et ce, en la travaillant pour qu'elle soit de plus en plus infime. 

Aussi, le créateur belge n'hésite pas à voyager pour les récolter, contrôler et les choisir lui-même. "Je suis parti récemment aux Seychelles, à Bird Island... Imaginez-moi avec 400 000 oiseaux au-dessus de ma tête, matin et soir [on imagine en effet l'euphorie !]. Ça m'a permis de ramasser plein de plumes !Toujours dans une visée altruiste, Serkan Cura partage volontiers sa passion : il donne des cours à des artisans plumassiers espagnols et leur transmet ses connaissances et son savoir-faire. "Je fais mes recherches de matières, j'achète, je coupe, j'en prends des anciennes que j'ai stockées, je fais de la récupération et je les utilise dans les collections suivantes. La matière première est très précieuse pour moi, que ce soit de la plume ou de la fourrure. Concernant la peau animale qu'il intègre pour la première fois dans une collection, il veille à contrôler les élévages et fait attention à leur provenance.

La couturier met un point d'honneur à garder ses valeurs éthiques et à respecter notre environnement et notre écosystème, quitte à ne pas pouvoir produire les pièces souhaitées. "Ce qui se passe généralement dans les grandes maisons est purement commercial, c'est-à-dire que vous avez un grenier de matières premières animales. Je me bats contre ces actes en gardant mes valeurs. La nature c'est important : je ne vais pas vous arracher votre peau ou vos cheveux pour en faire une pièce juste parce que c’est tendance. Parfois je ne peux pas faire les silhouettes que je veux, simplement parce qu'il n'y a pas assez de matière. C'est la nature qui décide ce que je dois faire de ma collection."

Défilé Serkan Cura haute couture automne-hiver 2015-2016 © Imaxtree.com

 

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