Philippe Tournaire : entretien avec un artiste joaillier autodidacte ''J'ai commencé pour des raisons de santé''

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"Etant issu d'un tout petit bled où il n'y avait pas de bijoutier, je n'imaginais pas pouvoir en faire un métier", Philippe Tournaire. © Philippe Tournaire

Diplômé en électronique, vous avez appris le métier de joaillier seul en véritable autodidacte. Parlez-nous de ce parcours atypique...
Philippe Tournaire :
Très jeune, j'étais passionné par la création d'objets : bijoux, mécanique horlogère... J'ai commencé au départ pour des raisons de santé. Etant asthmatique, je me suis rendu compte que lorsque je me concentrais sur quelque chose, je respirais mieux. Issu d'un tout petit bled où il n'y avait pas de bijoutier, je n'imaginais pas pouvoir en faire un métier. Donc je me suis concentré sur un métier d'avenir qui était l'électronique, dans les années 60-70. J'ai passé les diplômes et j'ai travaillé dans ce domaine. Mais, en parallèle, j'ai toujours fait des bijoux et des sculptures, jusqu'au jour où la passion a été plus forte que l'électronique. Et là, j'ai divergé. Il fallait vraiment que je fasse ce que j'aime, ce que je ressens.

Vous avez commencé dans une cave. Combien de temps cela a-t-il duré ?
P. R :
Presque onze ans. J'ai dû creuser la cave car je ne tenais pas debout dedans. Cela m'a permis d'avoir mon lieu à moi à peu de frais. Même avec peu de clients, j'arrivais à survivre de que je faisais et à en être heureux.

"Il fallait vraiment que je fasse ce que j'aime."

Quel a été le déclic qui vous a fait prendre un virage ?
P. R : En 1984, je me suis dit que ce serait bien d'avoir une vitrine plutôt que de travailler par le bouche-à-oreille. J'ai décidé d'ouvrir une boutique à Montbrison. Cela s'est fait en six mois. Très vite, j'ai eu beaucoup de travail. J'ai donc formé des gens pour m'assister, ce que je n'aurais pas imaginé auparavant. Dès 1988, j'ai fait des expos à Paris, en Belgique et en Allemagne. Rapidement, j'ai eu des articles de presse qui ont permis de développer la clientèle. C'est comme ça qu'on a ouvert la boutique de Lyon, ainsi que celles de la Place Vendôme et rue de Rennes, à Paris.

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