Philippe Tournaire : entretien avec un artiste joaillier autodidacte "Si j'avais su où j'allais je n'y serais pas arrivé"

Vous employez aujourd'hui une quarantaine de personnes pour un chiffre d'affaires de l'ordre de 5 millions d'euros. Comment expliquez-vous ce succès ?
Philippe Tournaire : Quand j'ai commencé, je n'ai jamais imaginé que j'aurais un salarié. Si j'avais su où j'allais, je n'y serais pas arrivé. J'ai toujours fait ce que j'ai fait passionnément, le mieux possible et à l'écoute des clients. On a quelquefois des demandes un peu saugrenues, mais la contrainte est créatrice. Le fait d'avoir des pierres à remonter, des gens qui ont des exigences un peu bizarres, d'écouter et de chercher à comprendre m'a fait beaucoup avancer.

"Quand on eu les clés Place Vendôme, je ne suis même pas venu"

Place Vendôme, qu'est-ce que cela représente pour vous ?
P. R. :
C'est un coup de chance. Je savais que si je venais sur Paris, il fallait le faire dans un endroit où il y a l'image du bijou. Nous avons eu une opportunité et, bien sûr, l'énergie de le faire. Mais ce n'était pas une fin en soi. Quand on eu les clés, je ne suis même pas venu : j'avais d'autres choses à finir. Mais il est certain que le fait d'être situé Place Vendôme crédibilise vraiment.

philippe tournaire dispose de quatre boutiques. ici, vitrine du point de vente
Philippe Tournaire dispose de quatre boutiques. Ici, vitrine du point de vente rue de Rennes, à Paris, ouvert en septembre 2009. © Philippe Tournaire

Quelles sont vos ambitions à l'international ?
P. R. :
En Chine, on a développé un "shop in shop" et un partenariat avec I do avec qui on travaille depuis près de trois ans. Ce n'est jamais facile avec la Chine de savoir où l'on va. J'adore travailler avec mais ce qui est vrai un jour ne l'est pas toujours le lendemain. Mais les bijoux sont toujours exposés et on a des ventes. Et là, on va exposer au salon de Las Vegas, aux Etats-Unis.

Vous envisagez d'ouvrir une boutique aux Etats-Unis ?
P. R. :
Oui, bien sûr. C'est un pays où il y a de la force. On vient par exemple de faire une bague pour un rappeur. Il a vu nos architectures et nous a envoyé une photo de sa cité pour que nous la réalisions.

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