Isabel Marant, créativité à l'écran

Il y a une dizaine d'année, on découvrait l'irrésistible naturel de celle dont toutes les nanas cools adulaient déjà les vêtements. Presque une décennie après Le jour d'avant de Loïc Prigent, la pourtant pudique Isabel Marant ouvre à nouveau les portes de son atelier aux caméras. Deux documentaires, c'est beaucoup pour une personne qui n'affectionne pas la médiatisation. Avant la projection, on l'entend plaisanter dans la salle de cinéma "Moi, je vais aller me cacher sous un fauteuil". Pourquoi donc s'infliger à nouveau un tel exercice ? "Et bien c'est ça, d'avoir des copains journalistes", confesse-t-elle. Et c'est ce qui fait toute la saveur du documentaire Isabel Marant, naissance d'une collection. La réalisatrice Dominique Miceli est une amie de longue date. Cette dernière a rencontré simultanément Isabel et Jérôme (Dreyfuss, le créateur de maroquinerie et son époux NDLR)."Lors de trophées de la mode, Isabel avait gagné l'année d'avant, et c'est le tenant du titre qui devait remettre la récompense au nouveau lauréat. C'était Jérôme cette année là, ils ne se connaissaient pas encore." se souvient-elle, attendrie. 

C'est donc ce lien fort, dont les racines se situent à la fin des années 1990 (au début de sa carrière) qui a convaincu la créatrice de se livrer à nouveau. Même si "peu de choses ont changé depuis le dernier film" selon la principale intéressée, le regard très intime que porte Dominique Miceli sur son amie la dévoile sous un jour nouveau. Dès les premières scènes, où l'on voit Isabel débarquer dans son atelier vide depuis le précédent show, 120 jours avant son défilé printemps-été 2020, on sent que l'accès qui nous ait donné à son processus créatif est tout à fait privilégié. Quel est l'incipit d'une collection ? D'où viennent les inspirations ? Comment Isabel reste si fidèlement Marant, tout en perdurant ? Isabel Marant, naissance d'une collection nous livre les réponses avec une précision jamais vue. 

Lors de l'avant-première, amis, proches (dont Jérôme Dreyfuss et leur fils Tal) et collaborateurs sont tous venus témoigner leur affection et se saluent à coup de grosses bises sur les joues, participant au climat convivial du film. Réalisé presque "en famille", il nous offre le spectacle du naturel et de la savoureuse personnalité d'un designer dont il confirme la sympathie. Des mannequins scotchés d'échantillons et de papiers pour élaborer des robes, l'absence impertinente de stress à la veille du défilé, des remarques plaisantes à entendre (notamment sur la maigreur des mannequins) et toujours beaucoup de sourires, complètent le portrait que l'on se fait d'Isabel Marant. Pourtant, celle qui affirmait en 2011 vouloir s'arrêter à 50 ans, et qui en a aujourd'hui 52, ne cache pas ses doutes sur l'avenir de cette mode qui l'anime depuis 25 ans. Une raison de plus de s'arrêter sur le film de Dominique Miceli, peut-être le dernier à documenter le modus operandi de l'illustre créatrice Isabel Marant. 

Isabel Marant, naissance d'une collection de Dominique Miceli, le 15 décembre à 10h15 sur Paris Première