Que retenir de la fashion week de New York printemps-été 2020?

Joyeux, féminins et diversifiés... les premiers défilés de la saison ont donné le ton outre-Atlantique. De Savage X Fenty à Marc Jacobs, en passant par Prabal Gurung, retour sur les temps forts de la fashion week de New York printemps-été 2020.

Que retenir de la fashion week de New York printemps-été 2020?
© First View/Cover Images/SIPA

Renouveau à New York. Après dix ans de règne, Diane Von Fürstenberg a laissé sa place de présidente du CFDA (Conseil américain de la mode) à Tom Ford. Résultat, la New York Fashion Week bénéficie d'un nouveau souffle. Raccourci, épuré, le calendrier de la fashion week printemps-été 2020 va à l'essentiel et les shows ne manquent pas de contribuer à cette énergie. Quelques horaires traditionnels ont bougé, mais plus que la forme, ce sont les défilés et le contenu des collections elles-même qui entonnent cette dynamique. 

La joie en tendance dominante 

Le format de rigueur est celui du show immersif. Un club privé chez Ralph Lauren, un peep show pour la lingerie de Rihanna, Savage X Fenty (à retrouver le 20 septembre sur Amazon Prime), une soirée 70's au Apollo Theatre chez Tommy Hilfiger et presque une installation contemporaine avec assises hétéroclite et fresque de mannequins chez Marc Jacobs en clôture de la semaine. L'ère Instagram n'y est pas pour rien, mais soit, la magie opère. Le spectacle est d'ailleurs plus vivant que jamais ! On défilé volontiers en musique (chorale impressionnante chez Pyer Moss) ou avec la nature comme accessoire (retour de marché avec plantes vertes dans le sac Tory Burch, bouquets sous le bras chez Prabal Gurung). Le ton est donné, ce printemps-ci sera témoin d'une éclosion particulière. Naturellement, les silhouettes soutiennent le mouvement. Modernes ascendant nostalgiques, les marques restent chacune dans leur zone de confort mais misent toutes sur la féminité. Couleurs fortes portées de pied en cap, robes fluides et vestes volontaires : la tendance néo-bourgeoise se poursuit à la belle saison.

Mode de demain, mode pour tous

L'ambiance est à la fête mais la mode n'en ignore pas ses enjeux pour autant. La fashion week de New York qu'on a vu s'indigner à l'élection de Trump n'as rien perdu de sa fougue dans sa quête identitaire. Alors qu'à Paris, l'éco-responsabilité est dans la bouche des plus grandes enseignes, outre-Atlantique, c'est la question de l'individualité qui prédomine. La pluralité des corps devient de plus en plus répandue, que ce soit dans la lingerie de Rihanna (qui en a fait un leitmotiv) ou sur les podiums plus classiques. Le très engagé Pyer Moss a livré le dernier show consacré à la culture afro-américaine de sa trilogie, un des temps fort de cette semaine. 60 choristes, un casting 100% noir et une introduction de l'auteur Casey Gerald, étaient réunis pour soutenir une collection hors des clichés, une proposition moderne qui dépasse la quête de visibilité. Dans la même veine, Prabal Gurung va de l'avant en célébrant le métissage dans sa collection anniversaire. Après 10 ans de mode aussi engagée que bigarrée, le créateur inscrit un insolent "Who gets to be American ?" (Qui a le droit d'être américain?) sur des écharpes lors de son final. 

L'exploration de l'individualité dans la mode est un passeport pour demain, et le bien vivre ensemble, une force créative. En témoigne le maître de cette fashion week, Marc Jacobs. Avec une collection presque "peace and love" sur le thème de la tragédie vécue du 11 septembre 2001 (le designer avait donné son défilé la veille NDLR), il transforme plus que quiconque l'essai. De sa collection génialement plurielle, sans guère d'effet de mise en scène autre que ses silhouettes théâtrales teintées de rétro, il fait une promesse, celle d'aller de l'avant.