Le normcore ou le style du non-style

Après le hipster, voici le nouveau phénomène qui agite la toile et les réseaux sociaux depuis quelques jours. Décryptage du style du normcore.

Le normcore ou le style du non-style
© SdP Gap

Que tous ceux qui ont essuyé les moqueries à cause de leurs chaussettes dans leurs sandalettes ou de leur pantalon Queshua se réjouissent, leur moment de gloire fashion est enfin arrivé. Après le bobo, le hipster, place à un nouveau style. Ou pardon, plutôt à un non-style : le normcore (contraction de normal et hardcore). Par ce terme (employé un peu par erreur comme le démontre Vincent Glad dans un article sur Slate.fr), la journaliste Fiona Duncan décrit les non-looks qu'elle a repérés dans les rues de Soho en se promenant. L'Américain stylé devient indifférenciable du touriste : un phénomène assez notable pour ne pas l'ignorer. Il n'en fallait pas plus pour lancer une nouvelle tendance. Le hipster, faux marginal et vrai joujou de la société de consommation, aurait-il fini par lasser à force d'hipsteriser nos restos préférés ? Trop de poils qui nous barbent, de tatouages qui s'encrent dans l'habitude et de chemises de bûcheron qui ne se tiennent plus à carreaux ? En tout cas, les bureaux de style et la fashion sphère avaient besoin d'un nouveau sujet à décrypter, analyser, exploiter et même critiquer. Poussant le jusqu'au-boutisme à l'extrême, le normcore ne ment pas quand il rejette les diktats de la mode. Affichant une overdose de marques et de it-pièces, il leur préfère les polaires, les birkenstoks (déjà prisées des bobos, soyons honnêtes), des baskets (mais pas de marque, attention), les doudounes Uniqlo ou encore les jeans délavés.
Les nouvelles égéries de ce style dont le nom a envahi tous les sites et réseaux sociaux à coups de hashtag et d'articles avides de nouvelle tendance ? Steve Jobs ou encore Jerry Seinfield. Les marques phares ? Gap (chouchou des normcore avant l'heure comme elle le clame sur Twitter) mais on pourrait aussi leur proposer Décathlon et tout autre marque adepte de la normalité (à prix plus ou moins sympa d'ailleurs). Le comble "du luxe" normcore ? Sûrement acheter ses fringues dans son supermarché. Car oui, l'heure est à l'éloge de la banalité.  Un sentiment ambiant qui se retrouve même sur les podiums. Karl Lagerfeld a fait défiler ses mannequins en tailleur Chanel dans un supermarché quand Jeremy Scott détourne le logo du géant McDonalds pour la marque italienne Moschino. Bref, pour se démarquer, jouons la carte de la normalité. Mais la mode n'est plus à un paradoxe près !

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La tendance normcore vue par Asos sur son compte Twitter © @ASOS_Fr Twitter Official