Voici comment cette créatrice a fait pour que Brigitte Macron porte ses jolis bijoux

Depuis le 7 mai 2017 et l'élection de son mari à la présidence de la République, Brigitte Macron est l'une des femmes les plus scrutées de France. Ses tenues sont analysées et la moindre pièce qu'elle porte, décryptée par les magazines de mode. Une aubaine pour les marques, qui bénéficient alors d'une couverture médiatique exceptionnelle. Julie Borgeaud, fondatrice de la marque de bijoux Imaï, nous raconte comment elle est parvenue à faire rentrer ses créations dans le dressing de la first lady.

Voici comment cette créatrice a fait pour que Brigitte Macron porte ses jolis bijoux
© Brigitte Macron à l'Elysée le 14 mai 2017 par Yoan Valat/AP/SIPA

Connaissez-vous le Kate effect ? Cette loi (quasi) économique veut que chaque pièce arborée par la princesse de Galles connaisse un succès fulgurant et affiche sold out en quelques (minutes) heures. Si Brigitte Macron n'a pas encore l'influence de celle qui sera très certainement un jour reine d'Angleterre, la première dame française fait aussi son petit effet à chacune de ses sorties. Ses tenues signées Balmain ou Louis Vuitton comme ses baskets No Name sont désormais aussi célèbres que son carré blond signature. Pour une marque, pénétrer sa garde-robe est un luxe qui ne se refuse pas. Ce qu'a réussi à faire Julie Borgeaud, fondatrice du label de bijoux parisien Imaï. C'est en 2008 que cette ancienne journaliste en déco et design décide de se lancer dans l'aventure entrepreneuriale. Chez elle, elle colle des pierres de Bohème sur des lacets. Des bijoux qui trouvent immédiatement leur public et sont même vendus sur le site de La Redoute. Progressivement, elle apprend à travailler le métal, s'adresse à des soudeurs, développe ses propres moules… "Aujourd'hui, Imaï est une marque de haute fantaisie qui cultive un esprit maison parisienne, un certain artisanat et un amour du fait main pour confectionner des bijoux aux accents rock et vintage", développe Julie Borgeaud. Ce qui fait la fierté de la cheffe d'entreprise, c'est que chaque année, l'une des collections d'Imaï reçoit le label "Fabriqué à Paris", une certification qui trône fièrement dans l'atelier du Xème arrondissement où est installée la marque.

Opération Brigitte Macron

Début 2017. Le candidat Macron monte dans les sondages. "C'était la surprise ! Avec sa campagne, on entrevoyait une nouvelle impulsion, une possibilité de renouveau, une énergie positive qui suggérait que tout était possible. Parce que ce qu'Emmanuel défendait, c'était que si l'on avait un rêve, il fallait se battre pour, oser pour le réaliser. Ce discours m'a plu, je l'ai compris et je m'y suis identifiée", se remémore Julie Bourgeaud. Après le premier tour, elle pense à la conception parisienne de ses créations, à l'élégance française qui est une valeur cardinale de son travail et se dit que le comble du chic serait que Brigitte Macron porte ses bijoux. Avec les membres de son équipe, elle épluche les photos de la future première dame afin de saisir son style vestimentaire. Se rend compte qu'elle porte surtout de l'or blanc et qu'elle affiche une silhouette menue, un indice précieux pour déterminer son tour de doigt. Mais qui dit fabrication artisanale dit séries très limitées.

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La fameuse bague serpent portée par Brigitte Macron © Imaï

Julie Bourgeaud réussit néanmoins à trouver une bague serpent en laiton argenté, ainsi qu'une bague et une manchette dorées. Elle glisse les créations dans un sac, puis rédige un mot à l'attention de Brigitte Macron, expliquant qu'Imaï est un atelier parisien et que ce serait, pour toutes les personnes qui y travaillent, une immense fierté qu'elle porte les bijoux qu'iels imaginent au quotidien. La cheffe d'entreprise prend ensuite le chemin du QG de campagne de l'ancien ministre de l'Économie, de l'Industrie et du Numérique. "Le second tour était dans trois jours, les Macron étaient absents, mais l'endroit était rempli de journalistes, je tremblais comme une feuille". Là-bas, elle remet ses présents à une personne du staff, qui lui assure que la future première dame réceptionnera bien les bijoux. Et effectivement, Julie Bourgeaud reçoit un jour une note de Brigitte Macron, la remerciant pour ces cadeaux.

Le dimanche 14 mai 2017, la créatrice et ses équipes sont aux aguets. Brigitte Macron portera-t-elle l'une de leurs pièces lors de la passation de pouvoir ? À l'Élysée, le tapis rouge est tendu, le nouveau président sert la main de l'ancien et la nouvelle première dame foule le red carpet habillée de Louis Vuitton des pieds à la tête. "J'avais prévenu toute ma famille que je lui avais envoyée des bijoux, ce qui les faisait beaucoup rire. Elle arrive sur le perron et envoie un baiser aux spectateur-ice-s. À ce moment, je vois bien qu'elle porte une bague à l'auriculaire, mais elle semble plus épaisse que la nôtre". Jusqu'à ce que les premières photos commencent à sortir et que ce soit évident : il s'agit bien de la bague serpent d'Imaï, portée au-dessus d'un autre modèle argenté. "J'avais le cœur qui battait à toute allure, ç'a été une fierté pour l'équipe, parce que c'est exactement pour ce genre de moment que l'on soulève des montagnes". Une récompense qui se double d'un aspect financier, puisqu'après un article paru sur Internet, qui mentionne l'origine de la bague de Brigitte Macron, les commandes s'enchaînent sur le site de la marque. "Nous avons d'abord vendu 10 bagues en 15 minutes, puis 10 en 5 minutes, puis tellement que nous avons dû fabriquer trois moules afin de faire face à la demande", raconte Julie Bourgeaud. La bague, à l'époque vendue 110 euros, est toujours disponible à l'achat, aujourd'hui un peu plus de 30 % plus chère, un chiffre notamment expliqué par la hausse du coût des matières premières. Les autres bijoux offerts à Brigitte Macron ont, eux aussi, été portés par la première dame, pour recevoir le chanteur Bono à l'Elysée et lors de la visite d'un foyer de femmes.

Aujourd'hui, si Julie Bourgeaud a toujours plaisir à raconter cette anecdote, elle a décidé de ne plus mêler son travail à la politique, pour éviter que sa démarche artisanale soit confondue avec du militantisme. Elle est en revanche toujours heureuse de repérer ses bijoux aux mains, aux cous et aux poignets des journalistes, des chanteuses, des actrices... Et des femmes de tous les jours, évidemment, évidemment