L'héritière de Zara touche un salaire absolument mirobolant

Pour sa première année à la tête du groupe Inditex, Marta Ortega recevra un salaire vertigineux. L'héritière Zara, désormais présidente directrice générale de l'entreprise familiale, a permis à l'entreprise d'engranger un bénéfice record en 2022.

L'héritière de Zara touche un salaire absolument mirobolant
© Marta Ortega le 28 novembre 2021 par Zuma/ABACA

Trench beige, sac à main Kelly camel signé Hermès, jean blanc, blazer kaki, gilet bleu ciel... À en croire les quelques clichés de Marta Ortega Pérez, voici les vêtements qui constituent la garde-robe de la nouvelle boss d'Inditex (Industria de Diseño Textil), géant de la fast fashion espagnole qui possède Zara, Zara Home, Massimo Dutti, Bershka, Stradivarius, Pull & Bear et Oysho. Des pièces intemporelles, chic, passe-partout et surtout discrètes, comme l'est l'entreprise dont a hérité cette jeune femme de 39 ans. Depuis le 1er avril 2022, la benjamine d'Amancio Ortega, fondateur du groupe ibérique, est la "chairwoman" de la société d'habillement. Une nomination annoncée le 30 novembre 2021. En prenant ce poste, Marta Ortega Pérez a succédé à Pablo Isla, avocat de 20 ans son aîné, lui-même PDG d'Inditex depuis 2011 (il avait alors pris la suite d'Amancio Ortega) et entré dans l'entreprise en 2005. Il est réputé pour être l'un des artisans du succès du groupe tel qu'on le connaît aujourd'hui. À titre d'exemple, sous sa présidence, la valorisation boursière d'Inditex a été multipliée par dix. Une réussite qui lui vaut de tirer sa révérence avec un joli pactole : un plan épargne retraite de 9 millions d'euros accompagné de 2 millions d'actions valorisées près de 55 millions d'euros selon le site spécialisé Fashion Network

Parce que garantir la réussite d'une entreprise de l'envergure d'Inditex n'est pas une mince affaire, Marta Ortega Pérez a reçu, au terme de sa première année à la tête du groupe, une rémunération vertigineuse. Son salaire ? 1 million d'euros par an. Pour être tout à fait exacte, la femme d'affaires a perçu 834 000 euros sur l'année, puisque les chiffres communiqués dans le rapport annuel d'Inditex courent de sa nomination en avril 2022 à la fin de l'année fiscale de l'entreprise, le 31 janvier 2023. Par mois, son salaire s'élève donc à 83 400 euros, dans un pays, l'Espagne, où le salaire mensuel minimum est de 1 260 euros bruts.

Un empire en héritage

6 500 boutiques dans 96 pays et 174 000 salariés. Voici le royaume sur lequel Marta Ortega Pérez, en digne héritière, est désormais chargée de régner. Jusque-là, la jeune femme supervisait le design et le lancement de produits pour Zara en particulier, et plus largement pour les six autres marques du groupe. Une petite entreprise dont le chiffre d'affaires en 2021 s'élevait à 27,716 milliards d'euros. Signe du destin, Inditex et Marta Ortega ont d'ailleurs presque le même âge; tout juste quarante ans.

C'est le 10 janvier 1984 que Marta Ortega naît. Son père, fils de cheminot et autodidacte devenu la première fortune espagnole (celle-ci est estimée à 57 milliards de dollars par le magazine Forbes), a d'abord été marié à Rosalía Mera, dont il a eu deux enfants, Marcos et Sandra, et avec qui il a lancé Zara en 1975. Puis il a épousé en secondes noces Flora Pérez, la mère de sa troisième fille, Marta. Celle-ci grandit dans la ville galicienne de La Corogne située à quelques kilomètres du siège d'Inditex. Ses études, elle les suit d'abord dans un collège jésuite de la région, puis dans un lycée privé suisse avant d'atterrir sur les bancs de l'European Business School de Londres dont elle sort diplômée en 2007. En parallèle de ses études outre-Manche, elle exerce en tant que vendeuse dans une boutique Zara de la capitale britannique. Si les autres employés ignoraient tout de son ascendance, la Rolex qu'elle portait (bien avant d'avoir 50 ans) au poignet aurait éveillé les soupçons de ses collègues. "La première semaine, j'ai cru que je n'allais pas survivre. Mais ensuite, on devient d'une certaine façon accro au magasin", a-t-elle raconté dans une rare interview accordée au magazine Wall Street Journal en août 2021 au sujet de cette expérience retail.

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© Inditex

Une enfant du sérail

Son nouveau rôle de présidente n'a surpris personne. Il faut dire que depuis qu'elle a fini ses études, Marta Ortega Pérez se balade dans les couloirs d'Inditex où "elle a dirigé beaucoup de projets", comme l'expliquait Pablo Isa lors de son discours devant la presse le mardi 30 novembre 2021. "Elle connaît [l'entreprise] sur le bout des doigts", affirmait alors l'ancien dirigeant d'Inditex. Ce que confirmait également Marta Ortega dans le communiqué de presse annonçant sa nomination : "Je vis et respire cette entreprise depuis mon enfance et j'ai appris de tous les grands professionnels avec qui j'ai travaillé au cours des 15 dernières années. J'ai toujours dit que je consacrerai ma vie à développer l'héritage de mes parents, tournée vers l'avenir mais tirant les leçons du passé, au service de l'entreprise, de nos actionnaires et de nos clients". 

Pour autant, son nouveau rôle à la tête du groupe de prêt-à-porter n'a pas forcément ravi les actionnaires. Conséquence immédiate : -6 % sur le cours d'Inditex en bourse le jour de l'annonce de sa nomination. Marta Ortega Pérez n'arrive pourtant pas toute seule : à ses côtés, Oscar Garcia Maceiras endosse le rôle de directeur général exécutif. Une nomination qui intervient un an tout juste après l'arrivée de cet avocat de 47 ans au poste de secrétaire général de l'entreprise. Autre allié : Carlos Torretta, second époux et père de Matilda, le deuxième enfant de Marta. Chez Inditex, il travaille depuis 2019 au sein de l'équipe communication de la division e-commerce de Zara. Lui-même n'est pas étranger à l'univers de la mode, puisqu'il est le fils du créateur Roberto Torretta et a dirigé un temps la branche espagnole de l'agence de mannequins Elite.

Challenges en perspective

Mais les challenges qui attendent Marta Ortega Pérez sont nombreux (et à la hauteur de sa rémunération). Parmi ceux-ci, réussir à continuer à séduire en faisant de la fast fashion dans un monde de plus en plus sensible aux questions d'éco-responsabilités. Le groupe, également pointé du doigt pour avoir possiblement recours au travail forcé des Ouïghours en Chine, se relève progressivement de la pandémie de coronavirus. Si le chiffre d'affaires 2021 d'Inditex était en hausse de 36 % par rapport à l'année précédente, il n'avait toujours pas atteint son niveau pré-crise du Covid-19. En 2022, en revanche, malgré la guerre en Ukraine et les 502 magasins russes du groupe fermés dès le mois de mars, puis vendus en novembre, l'entreprise a réalisé un bénéfice record de 4,13 milliards d'euros, supérieur à celui de 2019. Pour venir à bout de cette période tendue, Inditex a pu compter sur les ressources de Marta Ortega Pérez et notamment sur sa patte mode. C'est sous son égide que le groupe a fait appel au photographe Steven Meisel (qui a immortalisé la jeune femme pour le magazine Wall Street Journal en août 2021), au directeur artistique Fabien Baron, au styliste Karl Templer ou encore au réalisateur Luca Guadagnino.

C'est elle aussi qui a lancé l'ultra désirable collection Zara SRPLS et a impulsé la collaboration de la griffe avec l'actrice et chanteuse française Charlotte Gainsbourg à la fin de l'année 2021. Elle, enfin, qui a imaginé des collections avec le label pointu Ader Error, l'ancienne rédactrice en cheffe de Vogue Paris Emmanuelle Alt, le créateur américain Narciso Rodriguez ou encore la mannequin américaine Kaia Gerber. Habituée des premiers rangs des défilés aux côtés d'Anna Wintour et consorts, Marta Ortega Pérez connaît la fashion sphere comme sa poche. Preuve ultime : en décembre 2021, elle posait avec le gratin du secteur pour l'inauguration de l'exposition Untold Stories à La Corogne. Une vaste rétrospective du travail du photographe Peter Lindbergh qui a été montée par l'héritière espagnole et a fermé ses portes le 31 mars 2022. Un jour avant que Marta Ortega Pérez ne débute le nouveau chapitre de sa vie.