Les eighties exacerbées de Marc Jacobs

La solennité du violon brise le silence de l'immense espace du Park Avenue Armory plébiscité depuis plusieurs saison par le créateur. Dans une telle cathédrale, nul doute qu'il invoquera l'échelle du grandiose. Confirmation dès la première silhouette, caractéristique d'une collection à l'intensité dramatique exacerbée. Couleurs intempestives et carrure massive aux épaules amples dessinent une allure forte de gaucho, dont l'accent tonique est un chapeau noir tranchant. On ne plaisante pas avec ces maxi femmes au regard plongé dans l'obscurité du rebord du couvre-chef impitoyable. Leur armure est le vêtement, qui ne laisse presque rien entrevoir de leur corps dans les premières silhouettes englouties par de grands manteaux. Mais pas question de les réduire à un simple par-dessus. Comme à l'accoutumé chez Marc Jacobs, le stylisme pertinent construit des silhouettes toujours très vêtues, assemblées couche par couche pour nous proposer plusieurs niveaux de lecture. S'il ne met que très peu de côté ces épaules massives, le reste du corps joue différentes symphonies, souligne la taille et allonge les jambes avec des pantalons palazzo et des jupes longues étroites. Fraises et roses de taffetas théâtrales, ornements iridescents, gants et drapés de velours offrent une attitude couture dans laquelle on lit aisément un hommage à Yves Saint Laurent. Du tweed au satin, de l'armure à la robe de soirée où enfin ces créatures de mode dévoilent un peu de leur corps, l'éloquence est la même, celle d'une période criante de charisme et assoiffée de vie pas si éloignée de la notre. 

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