Le reproche n°1 que les enfants font à leurs parents et qu'ils n'osent avouer qu'en thérapie
Ils taisent ce reproche à la maison, mais en thérapie, il ressort presque à chaque séance. C'est le point précis du comportement parental qui pèse le plus sur les enfants et qu'ils n'arrivent pas à formuler directement.
Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Selon les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), les troubles de santé mentale touchent des millions d'enfants et d'adolescents. Ces données soulignent à quel point les fragilités psychiques de l'enfance pèsent sur l'avenir et à quel point le silence qui les entoure peut se révéler destructeur. Longtemps, parler de souffrance psychologique revenait à porter une honte supplémentaire, celle de la stigmatisation. Désormais, la parole circule davantage.
En général, les enfants évoquent souvent en cabinet le sentiment d'être enfermés dans des règles trop rigides ou des attentes trop strictes. Beaucoup d'adultes racontent que leurs parents restaient présents au-delà de l'enfance, comment ils imposaient encore leur vision des choix professionnels, des relations amoureuses ou de la manière de se présenter aux autres. Les thérapeutes parlent de pères décrits comme distants ou autoritaires, peu disponibles émotionnellement, et des mères parfois trop impliquées, incapables de couper le cordon. Conséquence : une indépendance difficile à construire, une difficulté à faire confiance à ses propres décisions et, généralement, une image de soi abîmée.
Et justement, parmi toutes ces confidences, un reproche domine les autres : celui de se sentir jugé, souligne la psychologue américaine Aline Zoldbrod. Jugé pour ses choix, jugé pour ses envies, jugé pour ne pas correspondre à l'image rêvée par ses parents. Derrière chaque parcours réorienté, chaque colère, chaque distance, cette sensation revient comme une constante. Elle explique pourquoi certains enfants se détournent, pourquoi d'autres s'épuisent à chercher la validation, pourquoi tant de rendez-vous chez le psy commencent par une phrase simple : "J'ai toujours eu peur de décevoir mes parents."
Par ailleurs, dans une autre mesure, certains enfants rapportent une forme de négligence : parents absorbés par leur carrière, absents physiquement ou émotionnellement, laissant derrière eux le sentiment d'avoir grandi seuls. Certains décrivent une enfance rythmée par des règles exigées, mais jamais expliquées, où la parole des enfants comptait peu face aux injonctions parentales. À l'âge adulte, cette contradiction devient l'une des blessures les plus lourdes à apaiser. Les confidences recueillies en thérapie évoquent aussi ce qu'on appelle la "parentification" : ces enfants qui, très tôt, ont endossé un rôle d'adulte, en soutenant leurs parents, en les rassurant, voire en les protégeant de leurs propres fragilités. Une inversion des rôles qui laisse là aussi des traces durables !