Non, la rentrée n'est pas une épreuve pour les enfants, à condition de...
Chaque année, au retour des vacances, les messages se répètent : il faudrait "préparer les enfants à la rentrée", comme s'il s'agissait d'un sprint à réussir, d'une montagne à gravir. Une experte révèle comment renverser la situation et faire de la rentrée un moment joyeux.
On anticipe, on organise, on psychote. Dans beaucoup de foyers, le mois d'août se transforme en plan de bataille. Il faut remettre les horaires en ordre, choisir le bon cartable, relancer les cahiers d'activités. À l'arrière-plan, cette idée persistante : si on ne s'y prend pas sérieusement, la rentrée va être difficile. Les enfants vont pleurer, se sentir perdus, décrocher. Alors, chaque été, le même scénario se rejoue. On enchaîne les "Tu vas voir, c'est super", les "Tu es prêt pour le grand jour ?" et autres "Il va falloir se remettre au travail". Le tout avec les meilleures intentions du monde, bien sûr. Mais à force de charger l'événement de stress et de projections, on finit par y coller une étiquette de moment redoutable. Comme si septembre marquait la fin d'une insouciance et le début d'un tunnel.
Ce regard sur la rentrée n'est pas neutre. Il agit directement sur la manière dont les enfants vivent ce passage. Pour Hélène Decat, formatrice, coach parentale et créatrice du compte Instagram Éveil & Conscience Formations, ce cadre anxiogène est souvent inutile. Dans l'une de ses publications, elle remet en cause l'idée même que la rentrée serait un cap difficile pour les plus jeunes. "La rentrée n'est pas un challenge à gagner. C'est une transition. Une étape du quotidien. Plus tu apaises l'ambiance autour, plus l'enfant s'y adapte sereinement." Tout est là : dans la posture des adultes, dans le climat qu'ils créent autour de cet instant. Pas besoin d'en faire un drame, ni un événement fondateur.
En effet, pour les enfants, la rentrée n'est qu'un recommencement. Pas une épreuve, mais un nouveau rythme à reprendre. Pas un test, mais une continuité. Le problème, ce ne sont pas les classes ou les copains retrouvés. Le problème, c'est la tension qu'on installe avant même d'y être. Quand les adultes s'agitent, les enfants observent. Ils absorbent cette nervosité, même si personne ne leur dit qu'il y a de quoi s'inquiéter. Alors oui, certaines réactions (pleurs, réticences, fatigue) peuvent apparaître. Mais elles ne sont pas des signes de faiblesse. Ce sont des réponses normales à un climat trop chargé. Au fond, l'essentiel ne se joue pas dans la préparation en amont, mais dans la manière dont l'enfant sent son environnement. S'il perçoit autour de lui des adultes détendus, il sera plus en confiance.
En clair, selon Hélène Decat, il vaut mieux rester centré sur ce que l'enfant connaît : "Plutôt que de lui parler de cartables et d'objectifs, parle-lui de ce qu'il connaît déjà : Des copains, des rituels, de ce qu'il aime apprendre. Et surtout, montre-lui que tu es là, stable, disponible", préconise-t-elle. Alors non, la rentrée n'est pas une épreuve. À condition que les parents restent disponibles et abordent les sujets qui intéressent tout particulièrement leurs enfants à l'arrivée du mois de septembre. C'est cette capacité à incarner un cadre rassurant qui fait toute la différence.