Les chercheurs ont tranché : c'est cet enfant que les parents aiment le plus
Le sujet est tabou, souvent nié, parfois soupçonné. Pourtant, la science s'en mêle : les parents ont bel et bien un enfant favori. Et non, ce n'est pas forcément celui que vous croyez.
Dans les familles, les disputes éclatent souvent sur des sujets mineurs : qui a eu la plus grande part de gâteau, qui a été puni à tort, ou pourquoi maman est intervenue quand l'un a crié, mais pas l'autre. Des chercheurs de Brigham Young University et de Western University ont alors rassemblé et analysé les données de trente études scientifiques portant sur le traitement différencié des enfants au sein de leur fratrie. Leur objectif : repérer des schémas récurrents dans les comportements des parents, en croisant des critères comme le genre, l'ordre de naissance, le tempérament ou encore le degré de maturité. Verdict ? Oui, il y a un chouchou.
Tout d'abord, à la lecture de cette étude, les enfants dits "faciles" – ceux qui obéissent, se montrent responsables, ne font pas de vagues – sont davantage valorisés. Cela vaut quel que soit leur sexe ou leur place dans la fratrie. Autre élément marquant : les filles, globalement, sont favorisées. L'étude révèle que mères et pères leur consacrent plus d'attention, de temps, de ressources, mais aussi qu'ils entrent moins souvent en conflit avec elles. Moins de problèmes à l'école, moins d'agressivité, plus de maturité émotionnelle... Ce tableau, bien qu'un peu caricatural, semble influencer inconsciemment le comportement parental.
Ensuite, les parents ont tendance à offrir plus de liberté et d'autonomie à l'aîné, car il est le premier à atteindre chaque étape. Une dynamique qui, d'ailleurs, ne s'arrête pas avec l'enfance puisque celle-ci perdure à l'âge adulte, les parents continuant à se reposer sur l'aîné, à lui faire confiance, à lui déléguer les responsabilités, même implicites. En regroupant l'ensemble de ces données, il semblerait donc que la fille aînée soit la privilégiée des parents.
Mais cela n'est pas sans conséquences. En effet, les plus "aimés" affichent généralement une meilleure santé mentale, des résultats scolaires supérieurs, des relations plus solides avec leurs parents et moins de comportements à risque. Les autres, eux, sont plus exposés à l'anxiété, au repli, à la dévalorisation. Ce déséquilibre peut même s'accentuer avec le temps si les ressentis ne sont pas exprimés ni reconnus. Alors que faire ? D'abord, reconnaître que cette dynamique existe. Ensuite, écouter. "Si un enfant vous dit que vous avez un favori, vous pouvez lui répondre : 'Ce n'est pas ce que je ressens, mais toi, tu le vis comme ça. Qu'est-ce que tu vois ?'", conseille le psychiatre Blaise Aguirre.
L'objectif n'est pas de nier, mais de comprendre. Chaque enfant vit l'équilibre familial à sa façon et cette perception évolue avec le temps. Il est donc primordial de maintenir un dialogue ouvert, d'ajuster leur manière de répondre aux besoins spécifiques de chacun, sans reproduire mécaniquement les mêmes gestes ou les mêmes attentes d'un enfant à l'autre.