Un enfant n'en parle pas : ce comportement est le signe qu'il se fait embêter à l'école
Par peur ou par honte, certains enfants ont du mal à exprimer leur mal-être. Ces signes précis permettent d'alerter les parents avant même que les mots ne viennent.
Dans les cours de récréation, les tensions entre élèves sont fréquentes. Mais quand un enfant commence à changer de comportement, c'est souvent le reflet de ce qu'il subit au quotidien. L'important reste alors d'apprendre à lire entre les lignes, à observer sans juger et à décoder les petits gestes du quotidien.
Tout d'abord, un enfant qui souffre peut commencer à traîner des pieds pour aller à l'école, sans jamais dire franchement qu'il n'aime plus y aller, souligne Laurie Gozlan, éducatrice et créatrice du compte Instagram @petit_deviendra_grand. Chaque jour devient alors un combat intérieur : trouver une excuse, inventer un mal de ventre, supplier de rester à la maison. Ce changement d'envie, souvent discret au départ, peut s'installer jusqu'à devenir une habitude. À la maison, d'autres indices peuvent se glisser dans les conversations les plus banales. Un enfant jusque-là confiant peut se mettre à se dévaloriser sans raison apparente. Comme le remarque l'experte, les phrases du type "je suis nul", "je n'y arriverai jamais", "je suis moche" ou encore "les autres font mieux que moi" deviennent plus fréquentes. Ce ne sont pas de simples mots jetés par frustration, mais généralement des miroirs de ce qu'il subit dans la cour ou en classe.
Par ailleurs, quand il parle d'un autre enfant qui se comporte mal, il arrive qu'il minimise systématiquement la situation. "C'est pour rire", dit-il, même quand l'histoire racontée semble clairement dépasser les limites du jeu. Cette attitude, assure Laurie Gozlan, montre une tentative de normaliser ce qu'il vit, soit parce qu'il a honte de se dire victime, soit parce qu'il a peur d'éventuelles représailles. Derrière ces mots, il y a souvent un besoin de protection et de soutien qui n'arrive pas à se formuler clairement.
Autre détail : le comportement général de l'enfant change. Moins de rires, moins de sourires, une tendance à s'énerver plus facilement, à se refermer, à repousser frères, sœurs et parents sans raison apparente. "Il change de comportement à la maison", résume Laurie Gozlan. Parfois, c'est une agressivité inhabituelle qui se manifeste. D'autres fois, c'est un repli sur soi, une envie de s'isoler, de ne plus partager les petits bonheurs du quotidien. Enfin, lorsqu'on évoque un camarade de classe, le regard peut se détourner, la discussion peut devenir évasive. À l'inverse, en leur présence, l'enfant peut devenir nerveux, tendu, méfiant. Ce sont des petits indices, subtiles, mais puissants pour qui sait les repérer.
Alors, que faire ? "Le plus important à ce stade est de permettre absolument à ton enfant de se confier sur ce qui lui arrive", insiste la spécialiste. Il s'agit de poser un cadre rassurant, où l'enfant se sentira écouté, sans jugement, sans pression. Ensuite, il est nécessaire d'apprendre à l'enfant à se défendre, en l'aidant à identifier les relations toxiques, à comprendre qu'il n'est pas responsable du comportement des autres. Laurie Gozlan rappelle aussi l'importance de savoir dire non, poser ses propres limites, faire respecter ses valeurs : autant de compétences essentielles qui se construisent petit à petit.