"Depuis 20 ans, je vole régulièrement dans les magasins et j'y prends plaisir"

Ayant grandi sans argent, Julien a commencé à voler dans les magasins par peur de manquer. Aujourd'hui, à 34 ans, il continue de voler plusieurs fois par jour alors que son niveau de vie a bien changé. Témoignage issu de Thune Podcast, créé par les journalistes Laurence Vély et Anna Borrel.

"Depuis 20 ans, je vole régulièrement dans les magasins et j'y prends plaisir"
© petrunina-123RF

Commettre un vol, pour beaucoup, c'est un délit honteux, alors que pour d'autres personnes, c'est un plaisir. Julien, 34 ans, fait partie de ces Français qui se sont mis à voler par peur de manquer, puis par goût du défi, avant que cela ne devienne une habitude plaisante. Durant toute son enfance, il a grandi sans argent. Sa mère était brocanteuse, elle avait peu de moyens et de nombreuses dettes sous les bras. "J'ai commencé à voler tôt, je ne pouvais pas travailler, ma mère ne me donnait pas d'argent de poche et j'avais besoin de manger", confie-t-il dans Thune, le podcast intime sur l'argent, créé par les journalistes Laurence Vély et Anna Borrel. À cette époque, il avait aussi une colère sous-jacente contre les personnes qui dépensent leur argent n'importe comment. 

Lorsque sa mère décède alors qu'il a 24 ans, il a une sorte de déclic pour reprendre sa vie en main. Il retourne sur les bancs de l'école, obtient un CAP cuisine, part à l'étranger et au moment de la pandémie de Covid-19, il revient à ce qu'il a toujours connu : la brocante. Il se met alors à son compte, avec sa copine, en tant que brocanteur. Aujourd'hui, le niveau de vie de Julien a bien changé. Le business, qu'ils ont monté à deux fonctionne bien, et en janvier dernier, ils ont fait 15 000 euros de chiffre d'affaires, un record pour ce jeune couple. Mais ce n'est pas pour autant que ses vols sont devenus de l'histoire ancienne !

Depuis ses premiers larcins, Julien n'a jamais arrêté, il vole régulièrement 1 à 2 fois par jour, sans jamais dépasser les 20-30 euros de butin. "Je vole ce qui me fait envie : de l'alimentaire, de l'alcool, des vêtements, et toujours dans les grosses enseignes", explique-t-il. Son but est de payer le moins possible ; ainsi, il dérobe toujours des objets de valeur, évitant les produits premier prix. Et il y prend un certain plaisir, il ressent même de l'adrénaline en volant. "Je pourrais m'acheter n'importe quoi, mais le fait de rentrer dans n'importe quel magasin est de se dire que l'on peut tout prendre sans rien payer, c'est assez plaisant", avoue-t-il. 

À l'écouter, le jeune brocanteur n'a pas vraiment de mode opératoire. Il se rend dans une grande enseigne, trouve un produit qui l'intéresse et le dissimule soigneusement, soit dans sa veste, son pantalon ou sous son écharpe. Il fait bien entendu attention aux antivols et lorsqu'il y en a, il admet avoir ses petites ruses pour les enlever ou pour qu'ils ne sonnent pas une fois arrivé en caisse. Avoir un visage inspirant la confiance et la sympathie joue aussi en sa faveur. "Pour ma part, je reste naturel, je n'ai pas le physique pour l'emploi, même si à vrai dire, il n'y en a pas, mais c'est vrai que ça m'aide", déclare-t-il. 

Grâce à ses vols, Julien économise environ entre "800 et 1000 euros par mois". Cette habitude, qui le met bien sûr hors la loi, lui permet d'en tirer un certain avantage financier. Il a ainsi pu épargner une grosse somme d'argent pour son futur. "J'ai mis environ 70 000 euros de côté. Le vol m'a aidé à arriver là où j'en suis actuellement dans la vie. Je fais attention et je ne suis jamais à découvert", avoue-t-il. Il ne se cache pas, ses proches sont au courant et il a même initié sa petite amie aux vols. Après vingt ans à voler, il assume sa façon de vivre et il n'est pas prêt à y renoncer. Pour lui, le vol fait désormais partie intégrante de lui. Une pratique qui n'est bien entendu pas à imiter...