"Elle voulait dormir à la maison à mon retour de la maternité" : quand les belles-mères s'impliquent (trop)

Les relations entre belles-mères et belles-filles sont parfois compliquées. Entre conseils et soutien non sollicités, les tensions s'accumulent à la naissance de l'enfant. Manon et Johanna témoignent de leur ressenti, face à une belle-mère qui veut aider, mais qui semble intrusive.

"Elle voulait dormir à la maison à mon retour de la maternité" : quand les belles-mères s'impliquent (trop)
© fizkes - stock.adobe.com

L'entente entre belles-mères et belles-filles n'est pas toujours au rendez-vous. Cette relation se complexifie d'autant plus à l'arrivée d'un enfant, car des enjeux inconscients remontent à la surface dès la grossesse. Désireuses de revivre la maternité à travers leur belle-fille, certaines belles-mères se mettent à les inonder de conseils. "Tu ne devrais pas manger ceci, ce n'est pas bon pour le bébé", "moi, pendant ma grossesse, je faisais ça…", ce qui, en plus d'être irritant, est profondément infantilisant. Malheureusement, la naissance de l'enfant ne met pas fin à ce comportement intrusif.  

C'est exactement ce qu'a vécu Manon, maman d'une petite Léonie, âgée de deux ans. "Pendant ma grossesse, ma belle-mère me demandait de ne pas me coucher trop tard pour la santé du bébé, me disait que je ne devais pas faire de trajets trop longs en voiture, m'envoyait des messages pour me dire ce que je devais manger ou boire… C'était insupportable !", nous confie-t-elle. Sa belle-mère se permettait même de donner son avis sur le prénom du futur bébé et faisait déjà des plans pour l'avenir. " Je la garderai tous les mardis, et un week-end sur deux, me disait-elle. J'ai vraiment vécu cela comme une intrusion. Et ce, d'autant plus parce que cela venait de ma belle-mère, même pas de ma propre mère !", se souvient Manon.

Le comportement de sa belle-mère s'explique en partie par le fait que son fils est son unique enfant. "Elle l'a eu très jeune et ne s'en est pas occupée comme elle l'aurait voulu. Résultat, elle cherche à se rattraper aujourd'hui avec ma fille. Mais ce n'est pas sa fille, or, elle a trop tendance à l'oublier !", s'agace-t-elle. Depuis la naissance de sa fille, les relations avec sa belle-mère ne se sont pas apaisées, au contraire. "Elle passe à la maison sans prévenir et quand j'accepte de lui confier ma fille quelques heures, elle fait exactement l'inverse de ce que je lui ai demandé. Par exemple, elle lui donne des gâteaux hyper sucrés dès le matin, la met devant la télévision, lui montre des vidéos sur son téléphone, ne l'emmène pas au parc parce qu'elle refuse de laisser son chien seul une heure à la maison, fume en sa présence… Un jour, elle a même pris sans mon accord l'empreinte du pied de Léonie que j'avais fait pour ses un mois. Mais la goutte d'eau qui a fait déborder le vase, c'est quand je l'ai retrouvée allongée sur notre lit conjugal, la petite endormie sur son ventre. Ça m'a rendu folle !". Le pire dans tout cela, c'est que le mari de Manon n'intervient pas, de peur de blesser sa mère. Une chose est certaine, Manon ne compte pas laisser sa fille plus de quelques heures à ses beaux-parents. 

Un cas qui est loin d'être isolé. Certaines belles-mères vont jusqu'à insister pour être présentes lors des échographies ou à la maternité pour ne rien manquer des premières heures de vie du bébé. Johana, maman d'un petit Léon, se souvient des jours suivant son retour à la maison. Sa belle-mère, voulant lui apporter de l'aide, s'est proposée de venir dormir une semaine chez elle. "J'avais besoin de prendre mes repères, d'utiliser le canapé sur lequel elle voulait dormir pour donner les biberons de la nuit, mais aussi pleurer quand j'en avais envie, me balader en culotte, être à l'aise". Elle reste aujourd'hui soulagée de ne pas avoir répondu favorablement à sa demande, et a même échappé au pire : "ma belle-mère voulait aussi organiser une fête à la maison en invitant une vingtaine de personnes chez moi, une semaine après la naissance de mon fils !"

Pour autant, même si cela semble difficile à comprendre parce qu'on est souvent à fleur de peau pendant la grossesse et à l'arrivée de son bébé, il est important de prendre du recul et de garder à l'esprit que, de manière générale, le comportement de notre belle-maman ne part pas d'une mauvaise intention. Elle est simplement très heureuse de devenir grand-mère et pense bien faire, même si elle est probablement maladroite. Peut-être pourrait-il être judicieux d'en parler directement avec elle ?