Dans ce pays, les mères qui perdent leur bébé à l'accouchement passent la moitié de leur vie en prison

Cinquante ans de prison, c'est ce que risquent les mères qui accouchent d'un bébé mort-né dans ce pays hispanophone. Une double peine pour celles qui doivent faire face à la perte de leur enfant. Près de 200 femmes ont déjà été condamnées.

Dans ce pays, les mères qui perdent leur bébé à l'accouchement passent la moitié de leur vie en prison
© 123RF-innasap

Alors que la France souhaite inscrire l'IVG dans la Constitution, certains pays restent fermement opposés à la liberté pour les femmes de recourir à l'avortement. D'autres autorisent l'interruption volontaire de grossesse sous conditions et selon le nombre de semaines d'aménorrhée. Ainsi, selon le pays dans lequel elles habitent, les femmes ne sont pas toutes logées à la même enseigne. En effet, l'avortement peut parfois être interdit même en cas de viol ou de danger pour la santé de la mère, comme au Nicaragua, au Honduras, à Haïti et en République dominicaine. Mais un autre pays situé non loin du Mexique va plus loin, avec une loi anti-avortement la plus sévèrement punie à travers le monde.

Eh oui, à notre époque, les mères qui accouchent d'un bébé mort-né doivent non seulement surmonter la douleur de la perte d'un enfant. Mais elles risquent aussi de passer le reste de leur vie derrière les barreaux puisque la peine encourue est de 50 ans d'emprisonnement pour ce drame considéré comme un crime au Salvador.

"J'avais un bébé normal, mais j'ai souffert d'une rupture utérine. J'ai été anesthésiée pour un curetage" a raconté à l'AFP Lilian, qui a passé 8 ans en prison après avoir appris, à son réveil, la mort de sa fillette décédée à la naissance, en 2015. "J'ai d'abord été accusée de négligence" pendant la grossesse, "mais le parquet a requalifié en homicide aggravé et j'ai été condamnée. J'ai cru que ma vie était gâchée à jamais", confie-t-elle. Des années plus tard, Lilian apprend que son bébé avait perdu la vie en raison d'une septicémie anténatale. "Si elle avait été traitée à temps, elle ne serait pas morte. Je n'aurais pas perdu tant d'années de ma vie en prison". 

Épaulée par le Collectif féministe et du Groupe citoyen pour la dépénalisation de l'avortement, la jeune maman a pu être libérée de prison en novembre 2023. Depuis 1998, 199 femmes ont été condamnées au Salvador pour des peines d'une durée de 30 à 50 ans de prison. Sept d'entre elles sont encore aujourd'hui poursuivies. Punies pour un crime qu'elles n'ont pas commis, ces femmes, contraintes de faire leur deuil derrière les barreaux, dénoncent cette loi injuste.