Pourquoi cette ville veut interdire les mots "papa" et "maman" ?

Dans une newsletter envoyée à ses citoyens, une ville conseille aux parents de bannir désormais de leur langage les mots "papa" et "maman" lorsqu'ils parlent à leurs enfants. Une mesure qui a tout de suite fait réagir.

Pourquoi cette ville veut interdire les mots "papa" et "maman" ?
© amvn-123RF

"Tu vois ce papa et cette maman..." ou "Maman, papa, je veux une glace"... Ces mots "papa" et "maman", que les enfants et même les adultes emploient régulièrement dans la vie de tous les jours, sont sur le point d'être interdits à Zurich. Dans cette ville au nord de la Suisse, le service de conseil aux pères et aux mères a dernièrement envoyé une newsletter destinée aux parents zurichois. Dans cette lettre d'information reçue tous les deux mois par mail, la ville recommande aux familles de ne plus utiliser les mots "papa" et "maman" dans leurs conversations avec leurs enfants, rapporte la version suisse de 20Minutes.

Une décision qui répond à un besoin précis

L'annonce a de quoi surprendre, mais la municipalité se défend. D'après la chargée de communication aux services sociaux de Zurich, Julia Köpfli, la décision répond à un besoin précis, celui du langage neutre au niveau du genre. La ville aurait constaté que de plus en plus de parents se posent des questions sur le genre et l'éducation à donner à leurs enfants vis-à-vis de ces questionnements. En réponse, les autorités ont donc convenu de proposer aux familles d'employer un langage non genré. Ainsi, dans une discussion avec des enfants, il convient d'utiliser les termes neutres "parents" ou "tuteurs". Au lieu de dire "la maman de Lou", les Zurichois pourront dire "la personne qui élève Lou" ou "le parent de Lou"

Concrètement, les parents doivent "mettre de côté leurs propres héritages au sujet du genre et les goûts vestimentaires qui en découlent pour l'enfant", précise la newsletter consultée par nos confrères. 

Une annonce "alarmante" qui fait vivement réagir

Après l'envoi de ce document informatif, les réactions ne se sont pas fait attendre, notamment du côté des politiciens suisse. Pour l'élue Susanne Brunner, membre du parti conservateur de l'Union démocratique du centre (UDC), il s'agit d'un message "alarmant et totalement détaché de la réalité". "L'éducation des enfants est une affaire hautement privée, l'État n'a rien à perdre à ne pas donner de recommandations ou de lignes directrices", déclare-t-elle sur la chaîne de télévision Tele Züri.

Outre la droite, le parti des Verts Libéraux représenté par Michel Matter est, lui aussi, consterné par cette newsletter. En postant sur Linkedin une capture d'un article de Blue News sur le sujet, l'élu a donné son avis sur la question : "Et on va où ?!?!?! Plus de maman, plus de papa ?!?! Il faut savoir dire STOP." Pour l'heure, selon les informations de Blue News, la ville de Zurich ne prévoit pas d'autres actions sur le thème du genre. Leila Aniba, directrice du centre de conseil, précise d'ailleurs sur Tele Züri que l'objectif de son centre est de ne surtout pas "infantiliser les parents ou de leur dire quelle voie ils doivent suivre".