Les pédiatres inquiets à l'approche de la rentrée scolaire

A dix jours de la rentrée scolaire, plusieurs associations de pédiatres s'inquiètent des mesures sanitaires prévues pour le retour en classe. Selon elles, les tests salivaires sont à privilégier chez les enfants et renforcer la vaccination contre la grippe saisonnière semble indispensable.

Les pédiatres inquiets à l'approche de la rentrée scolaire
© Olesia Bilkei

A quelques jours de la rentrée scolaire et face à l'augmentation des cas de Covid-19 en France depuis quelques semaines, plusieurs associations de pédiatres - dont la Société française de pédiatrie (SFP), le Groupe de pathologie infectieuse pédiatrique (GPIP) et l'Association française de pédiatrie ambulatoire (AFPA) - s'inquiètent des conditions de reprise des enfants. Tant du point de vue de la prévention sanitaire que du côté de la prise en charge des écoliers. Dans une lettre ouverte rendue publique le mercredi 19 août 2020, les pédiatres se mobilisent et émettent une série d'inquiétudes et de recommandations sur trois points principaux. Les objectifs ? Sécuriser le retour en classe et éviter "des fermetures de classes voire d'écoles non justifiées délétères pour les enfants et leurs apprentissages".

Privilégier les tests salivaires

"Notre première inquiétude concerne les tests de diagnostic COVID par PCR chez l'enfant", commence la lettre des pédiatres. A chaque fois qu'un enfant présentera un symptôme potentiel du coronavirus, il sera dépisté via un test naso-pharyngé. Le premier problème concerne leur multiplicité : fièvre, atteintes respiratoires, problèmes digestifs, toux... Ces symptômes peuvent être ceux de n'importe quel virus autre que le SARS-CoV-2. Or, ils occasionneront chaque fois cet examen, très désagréable et invasif. Les pédiatres insistent sur le fait que les enfants, souvent malades de divers épisodes viraux hivernaux, risqueraient d'y être soumis trop régulièrement. D'autre part, "le taux faible de positivité des PCR chez l'enfant" en fait selon eux une mauvaise stratégie dans les collectivités d'enfants. Pour continuer à dépister les écoliers, les pédiatres demandent à ce que soient privilégiés d'autres types d'examens, comme les tests de diagnostic salivaires. Bien que moins sensibles à la maladie, les pédiatres soulignent que "l'objectif est davantage d'évaluer le risque de contagiosité que d'éliminer le diagnostic de Covid-19". 

Renforcer la vaccination contre la grippe saisonnière avant l'hiver

"Nous soutenons pleinement les prises de position de l'Académie de Médecine visant à renforcer la vaccination contre la grippe et à généraliser la vaccination contre le rotavirus des petits nourrissons" expliquent les médecins. Ces mesures vaccinales préventives permettraient d'éliminer de nombreuses opportunités de suspecter une Covid-19 et par la même occasion, des tests inutiles. En ces circonstances, les pédiatres estiment le rapport "risque/bénéfice", souvent critiqué pour ce type de vaccin, largement favorable. Les consultations chez le médecin, aux urgences, ou encore les hospitalisations, qui sont des endroits très exposés au SARS-CoV-2, seraient ainsi limitées. Mais pour que la vaccination se fasse en masse chez les enfants, les médecins soulignent la nécessité de garantir le remboursement systématique.  

Élaborer une stratégie claire et précise en cas de contamination

Les crèches, écoles, collèges verront forcément des cas de Covid-19 survenir dans les prochains mois. Et ce, même si les risques d'infection et de transmission sont réduits chez les enfants. Alors quelles mesures mettre en place si un cas positif était détecté en communauté ? Sur ce point encore, les pédiatres sont préoccupés : ils dénoncent un manque de stratégie claire et bien définie. Fermer immédiatement l'établissement (ce qui a souvent été le cas en fin d'année scolaire 2019/2020) ne leur paraît pas être une solution convenable, "fortement délétère pour les enfants et leurs apprentissages". S'ils ne proposent pas actuellement de conduite à tenir en de pareil cas, les pédiatres se disent prêts à "contribuer à la réflexion des autorités de santé et à relayer le plus efficacement possible les décisions qui seront prises".