Les enfants toujours victimes du divorce

Après trois ans d'enquête auprès des juges aux affaires familiales, des sociologues ont analysé les coulisses du divorce. Leurs conclusions.

Les enfants toujours victimes du divorce
© WavebreakmediaMicro - Fotolia

Pendant trois ans, onze sociologues ont enquêté sur la justice familiale et particulièrement les cas de divorces. Priorité à "l'intérêt de l'enfant", "importance de la coparentalité", la place du père ou encore le "consentement mutuel" ; ils ont passé au crible les décisions des juges. Le tout est reporté dans leur livre "Au tribunal des couples" aux éditions Odile Jacob.

Le consentement mutuel a la préférence des juges

Les juges aux affaires familiales aiment les divorces par consentement mutuel. "L'autorégulation de la séparation est instituée en modèle du divorce réussi" écrivent les sociologues. Et pour cause, un jugement de 8 minutes en moyenne, des discussions plus rapides et un débat pacifié, c'est le Saint Graal pour un juge. D'ailleurs, 55 % des procédures de divorces sont des consentements mutuels.

Pension alimentaire, premier litige des couples

Les couples, animés par la volonté de préserver leurs enfants ? Pas forcément. Les litiges les plus courants concernent la pension alimentaire (55 %), le droit de visite et d'hébergement des enfants vient en deuxième (37 %) suivi du lieu de résidence (20 %) et de l'autorité parentale (9 %). Et selon les auteurs de l'enquête, les juges détestent parler pensions : "fixer une pension alimentaire, ce n'est pas du droit !" s'exclament les juges. Et dans la matière, ils seraient plutôt tentés de définir des pensions assez basses... La moitié des pensions fixées au moment de l'enquête des chercheurs ne dépassait pas 150 euros par mois et par enfant. "L'ascétisme, du moins une certaine modération dans les pratiques de consommation, serait gage d'une éducation responsable" notent les sociologues.

Le divorce favorise les inégalités hommes-femmes

"La justice des affaires familiales perpétue l'ordre social et les inégalités" constate le collectif "en fragilisant les justiciables qui sont à la fois des femmes, et modestes". L'exemple concret concerne les revenus des femmes : "La baisse du revenu des femmes françaises après séparation est ainsi parmi les plus élevées d'Europe : le revenu médian des femmes divorcées est de 32 % inférieur à leur revenu médian avant la séparation. Le niveau de vie des hommes, lui, augmente après le divorce" expliquent les sociologues.
Par ailleurs, mieux vaudrait être riche et maîtriser les codes, selon eux. "80 % des enquêtes sociales concernent les classes populaires" notent-ils. La raison ? "Les juges ont tendance à pousser plus loin l'intrusion dans la vie privée des plus démunis, parce qu'ils ont souvent du mal à la comprendre du fait de leur propre position sociale" analyse Julie Minoc, l'une des auteurs du rapport.

Les enfants, une question à peine discutée

Malgré ce que les associations de papas laissent croire, la question de la résidence des enfants ne pose pas tant de problèmes que ça et les pères n'ont pas à se battre. "Il faut presque se surprendre, au contraire, d'une évidence : les mères demandent systématiquement que les enfants habitent chez elles, et la plupart du temps, les pères acquiescent ou ne disent rien. En vérité dans l'immense majorité des cas, cette question est à peine discutée" affirme Céline Bessière, maître de conférences en sociologie à l'université de Paris-Dauphine et membre du collectif de chercheurs au journal Le Parisien.
 

A lire aussi :