Précarité étudiante : 56% des étudiants ne mangent pas à leur faim

De plus en plus d'étudiants sont confrontés malgré eux à la précarité. Une situation qui s'est fortement aggravée en France ces derniers mois, d'après une étude de l'association COP1-Solidarités étudiantes, publiée ce lundi 3 octobre.

Précarité étudiante : 56% des étudiants ne mangent pas à leur faim
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La précarité étudiante "persiste" et "augmente" dans notre pays. Selon une nouvelle étude de l'association COP1-Solidarités étudiantes, réalisée auprès de 700 bénéficiaires de l'association et révélée par le Parisien, la situation des étudiants aujourd'hui est plus qu'inquiétante, notamment à cause de l'inflation de ces derniers mois. "Nous venons de reprendre nos distributions (alimentaire ndlr) et les inscriptions ne tarissent pas. Même cet été, notre association a reçu de nombreux emails. On entend parler de l'augmentation des prix et du chauffage, il y a beaucoup d'appréhension. Les étudiants ne se sentent pas accompagnés", souligne Clara Limoge, vice-présidente de l'organisation. Un sentiment partagé par le Secours populaire. "Auparavant, les universités disposaient de postes d'assistantes sociales. Aujourd'hui, de nombreuses fac en sont dépourvues et les étudiants ne sont même pas au courant des aides auxquelles ils peuvent prétendre", explique une bénévole Marie-José Boivin à nos confrères. La précarité étudiante s'est même généralisée. Dans les chiffres, l'association COP1-Solidarités aide principalement des étudiants non boursiers (73%) - non boursiers (27%), qui plus est des femmes en majorité (74%) - hommes (24%) et je m'identifie autrement (1%). Une situation inédite qui amène l'association à prévoir de nouvelles distributions et des projets dans d'autres villes en France, à Marseille, Bordeaux mais aussi à Lille. 

96,3% des étudiants bénéficiaires vivent sous le seuil de pauvreté

Toujours d'après l'enquête de COP1-Solidarités, 56% des étudiants admettent ne pas manger à leur faim de manière générale, que ce soit "pour des raisons matérielles et par manque de temps". Une autre association, Linkee, qui lutte contre le gaspillage alimentaire, l'a aussi constaté. Depuis la crise sanitaire, les distributions alimentaires n'ont pas cessé, au contraire. Comme en 2020-2021, Linkee estime avoir distribué 800 000 repas cette année. Le mois de septembre, marqué par la rentrée, aura été aussi très intense. "Dans les centres où on recevait 200 personnes l'année dernière, on a vu 600 personnes venir retirer leurs sacs en septembre", a confié une porte-parole. L'association a également menée une étude et d'après leurs chiffres : 96,3% des étudiants bénéficiaires vivent sous le seuil de pauvreté. Au Secours Populaire aussi, de plus en plus de jeunes, de 19 à 26 ans, viennent demander de l'aide chaque semaine. Au quotidien, certains se retrouvent avec seulement "6 à 7 euros" pour (sur)vivre.

UNEF demande une allocation spécifique

Face à ces constats alarmants, pour freiner la précarité étudiante et aider les premiers concernés, l'UNEF (Union nationale des étudiants de France) a demandé la création d'une allocation d'autonomie universelle. La présidente de l'organisation étudiante, Imane Ouelhadj, a défendu ce projet le 15 août dernier à France Info. Cette allocation est "à destination des jeunes en formation qui en ont besoin, sur simple demande", elle doit être "calculée sur le seuil du pauvreté". Pour l'UNEF, il est crucial de prendre en considération la précarité étudiante et l'urgence du problème"Il faut arrêter avec l'infantilisation de la jeunesse et avec cette société qui considère que c'est normal qu'un étudiant galère pour boucler ses fins de mois et que ça forge sa personnalité. On est en 2022 et on se retrouve avec des étudiants obligés de faire la queue dans des distributions alimentaires pour se nourrir. D'autres sont dans des états alarmants au niveau de leur santé mentale", s'indigne Imane Ouelhadj. Les mesures prises par le gouvernement sont d'ailleurs loin d'être suffisantes, déclare-t-elle. 

Le coût de la rentrée 2022 pour les étudiants

2527 euros. C'est le coût moyen, évalué par la Fage, que devront débourser les étudiants à l'occasion de la rentrée universitaire 2022. Une somme inédite, qui témoigne d'une hausse de 7,38 % tout aussi exceptionnelle : " On n'a jamais connu une hausse aussi forte du coût de la rentrée scolaire d'une année sur l'autre ", a précisé Paul Mayaux, président de la Fage, lors d'une conférence de presse, rapporte La Croix. Depuis plus de vingt ans, l'indicateur du coût de la rentrée est mesuré en fonction de deux types de dépense : les frais liés à la vie quotidienne (loyer, alimentation, abonnements...) et les frais propres à la rentrée. Si les premiers subissent le contexte inflationniste général, ce sont surtout les derniers qui ont largement majoré le montant global de la rentrée, avec l'augmentation des prix des complémentaires santé (+30%), des assurances logement (+12%) et du matériel pédagogique (+16%). De quoi fragiliser la population étudiante, déjà parmi les plus vulnérables, comme l'a prouvé la dernière crise sanitaire. De fait, la Fédération indique que 40% des étudiants ont renoncé à des soins par manque d'argent. Ce sont surtout les spécialités médicales qui passent à la trappe, particulièrement les dentistes, les gynécologues et les opticiens affirme le président de l'association Rêves jeunes à Ouest France, qui accompagne les jeunes dans leurs démarches médicales et leur propose un suivi psychologique gratuit. "C'est une question de priorité, la santé passe après le loyer, le transport ou la nourriture ", poursuit Quentin Bourgeon.

Aide exceptionnelle de 100 euros

Pour lutter contre l'inflation généralisée, le gouvernement a prévu fin juillet 2022, avec la loi pouvoir d'achat, le versement d'une prime exceptionnelle de 100 euros pour les bénéficiaires de minima sociaux. Sont ainsi concernés les bénéficiaires des APL, du RSA ou de l'AAH (allocation aux adultes handicapés) et les étudiants boursiers. Cette aide a été versée au cours du mois de septembre.

Revalorisation des bourses à 4%

Pour l'année universitaire 2022-2023, les bourses étudiantes ont été revalorisées de 4% sur la base de critères sociaux : De 1 082 euros (échelon 0) à 5 736 euros (échelon 7) sur 10 mois, ce qui équivaut à la période scolaire. L'étudiant n'a  aucune démarche à effectuer, puisque le montant a été automatiquement réévalué au moment du premier versement de la bourse en question, entre fin août et début septembre 2022.

Des repas à un euro

Le dispositif du ticket U à 1 euro est maintenu pour l'année 2022-2023. Les étudiants boursiers et en situation précaire peuvent encore bénéficier de repas à un euro, comme ce fut le cas lors de la crise sanitaire du Covid-19. "Depuis 2020, près de 32 millions de repas ont été servis pour un euro à des étudiants boursiers ou identifiés comme précaires par les Crous", précise le gouvernement.