100 euros par mois pour vivre : Maëlle, 20 ans, s'adresse à Macron

Son SOS sur Tiktok, à propos de sa précarité d'étudiante, est devenu viral. Désormais, Maëlle s'adresse au président Emmanuel Macron. Elle souhaite que la voix des étudiants en situation précaire soit enfin entendue.

100 euros par mois pour vivre : Maëlle, 20 ans, s'adresse à Macron
© halfpoint

[Mise à jour du 3 novembre 2022 à 11h30] Maëlle fait partie de ces jeunes qui sont touchés par la précarité étudiante. Depuis quatre ans, la jeune femme de 20 ans, étudiante à Sciences Po, a vu sa situation se dégrader, à cause d'un système de bourse impersonnel et incongru. À tel point qu'aujourd'hui elle se démène tant bien que mal simplement pour pouvoir vivre. Se sentant démunie et épuisée par tous les efforts qu'elle doit faire, la jeune femme a décidé de partager dans une vidéo sur TikTok ses difficultés et le montant presque ubuesque de sa bourse versée par le Crous. Un message qui est devenu viral, puisque sa vidéo a été visionnée plus de 8 millions de fois. Interrogée par le média Brut, Maëlle a adressé un message au président de la République Emmanuel Macron : "Moi, monsieur le président, je vis avec 100 euros par mois, qui me sont donnés par le Crous, pour payer 410 euros de loyer plus 200 euros de courses, mes abonnements téléphone. Vous me donnez 100 euros pour vivre pendant un mois, est-ce que vous, vous pourriez vivre avec 100 euros pendant un mois ?" Elle poursuit en lui demandant qu'un dialogue soit mis en place pour écouter l'ensemble des étudiants qui se retrouvent dans des situations similaires. La jeune femme souhaite qu'une aide décente soit octroyée aux étudiants précaires, pour qu'ils puissent vivre et continuer leurs études.

"Je suis censée vivre avec 100 euros par mois"

Dans son message sur TikTok, Maëlle explique qu'elle est entrée en quatrième année d'études, poursuivant son cursus à l'étranger depuis Berlin. Et cette année elle a vu sa bourse réduite à 100 euros. "Ça fait 4 ans que chaque année ils diminuent ma bourse. En première année, je pouvais juste vivre avec ma bourse et c'était vraiment super, sachant que mes parents ne peuvent pas me payer mes études. Ils n'ont pas les moyens. La deuxième année, ma bourse a été coupée de moitié", détaille-t-elle très émue. La jeune femme n'a eu d'autre choix que de prendre un travail à côté pour financer son quotidien et son loyer. "Je suis arrivée ensuite à Berlin et j'ai dû travailler 20 heures par semaine, en plus de mes cours, qui faisaient aussi en tout 15-20 heures, c'est énorme, je travaillais beaucoup, j'étais super fatiguée mais ils m'ont encore baissé ma bourse (...) Cette année, on a battu un record, j'ai 100 euros de bourse par mois et avec ça je suis censée vivre, payer mes courses et mon loyer de 400 euros. Je suis à l'étranger donc tout est plus cherRaison évoquée : ses parents vivent à Mayotte, "ils ont donc un salaire plus élevé". Or, la réalité de sa famille vivant dans les DOM est bien plus complexe. Le père de Maëlle est au chômage, seule sa mère travaille et a récemment obtenu une augmentation pour pouvoir faire face à l'inflation mirobolante qui affecte encore plus les habitants de Mayotte que les métropolitains. "Genre le fromage coûte 10 euros. Le fait que mes parents ont plus d'argent fait qu'ils l'enlèvent sur ma bourse, sachant que ces des sous pour que eux vivent là-bas et pas pour m'aider moi." 

"Mes études en prennent un coup"

Le quotidien effréné de Maëlle, entre ses études, son travail et la pression de ne pas avoir suffisamment d'argent pour vivre, a un impact indéniable sur sa scolarité mais aussi sur son moral. "Mes études en prennent un coup, mais je bosse et je ne dis rien. Là j'ai encore un entretien d'embauche. Combien d'heures je vais devoir travailler pour payer ma vie ?", demande-t-elle, désemparée. La jeune étudiante a tenté d'obtenir de l'aide en contactant le Crous, en vain. Les agents lui ont répondu "qu'ils ne peuvent rien faire". Elle leur a également demandé une aide d'urgence pour pouvoir payer son loyer, qui lui a été refusée. "La dame m'a dit 'mais vous avez travaillé cet été vous devriez avoir des sous', je lui ai dit que j'avais aidé mes parents et elle m'a hurlé dessus au téléphone en me disant que je ne dois pas les aider", raconte-t-elle.

Un SOS entendu 

Aujourd'hui, Maëlle, comme d'autres étudiants qui peuvent être dans ce cas de figure, est à bout. Elle ne comprend pas le système de bourses en France et vit cette situation comme une profonde injustice. "Je n'en peux plus, je galère à faire des études alors que je ne devrais pas autant galérer juste parce que mes parents n'ont pas les moyens. Ils (le Crous ndlr) ne veulent jamais prendre de cas personnels, Et si tu veux quelque chose en particulier, il faut faire des centaines de démarches." Face à sa déstresse et à son témoignage, une internaute qui suit Maëlle a décidé de se mobiliser pour aider l'étudiante. Ils ont créé une cagnotte en ligne Leetchi, qui a atteint 14 191 euros. 

De nouvelles cagnottes lancées

Depuis l'histoire de Maëlle a été repartagée en masse sur les réseaux sociaux et dans les médias. Dans une autre vidéo sur TikTok, elle a annoncé qu'elle avait été contactée par le directeur de cabinet du délégué interministériel pour faire un point sur sa situation. La jeune étudiante entend bien faire bouger les choses pour elle mais aussi pour les autres étudiants des DOM. Pour cela, elle a à son tour crée des cagnottes pour venir en aide à d'autres camarades qui sont eux aussi confrontés à des difficultés financières pendant leurs études. Le montant d'une d'elles est déjà à plus de 1 500 euros. Elle a également décidé de partager les dons qu'elle a reçu de sa propre cagnotte avec des associations qui aident les étudiants en situation précaire en Métropole mais aussi dans les départements d'outre-mer.