Perturbateurs endocriniens et grossesse, quels effets sur les enfants ?

L'exposition des femmes enceintes à certains perturbateurs endocriniens aurait des impacts nocifs sur le comportement de leurs petits garçons. C'est ce que révèle une nouvelle étude de l'Inserm. Explications.

Perturbateurs endocriniens et grossesse, quels effets sur les enfants ?
© Photobac - 123RF

Une nouvelle étude épidémiologique française menée par l'Institut français de la santé et de la recherche médicale (Inserm) confirme les dangers d'une exposition aux perturbateurs endocriniens des femmes pendant la grossesse sur leurs petits garçons. Ce travail, dont les résultats viennent d'être publiés dans la revue Environmental Health Perspectives, pointe les effets particulièrement nocifs du bisphénol A, du triclosan et du di-n-butyl phtalate (ou DBP), trois substances qui peuvent perturber le développement normal du système nerveux des garçons entre 3 et 5 ans.

Pour parvenir à ces conclusions, l'équipe de recherche a fait appel à 529 petits garçons de la cohorte EDEN mise en place par l'Inserm, nés entre 2003 et 2006 dans les CHU de Nancy et Poitiers, ainsi que leur mère. Aux troisième et cinquième anniversaires des enfants, chacune des mamans a répondu à un questionnaire ayant pour but d'évaluer certains aspects du comportement de leur enfant comme l'hyperactivité et les troubles émotionnels ou relationnels. Pour chaque enfant, le questionnaire correspondant a été ainsi comparé au niveau d'exposition de perturbateurs endocriniens de la mère. Résultats : "une exposition au bisphénol A était associé à une augmentation des troubles relationnels à 3 ans et des comportements de type hyperactif à 5 ans", révèle l'étude avant de préciser que "le DBP était lui associé à davantage de troubles émotionnels et relationnels, incluant les comportements de repli, à 3 ans, mais pas à 5 ans, pour les troubles émotionnels". Enfin, ces chercheurs ont également souligné, pour la première fois, une corrélation entre le triclosan et une hausse des troubles émotionnels à 3 et 5 ans. Par ailleurs, ils rappellent qu'une précédente étude avait quant à elle prouvé qu'une exposition au triclosan pendant la grossesse pouvait provoquer une diminution du périmètre crânien à la naissance.

Quid des petites filles ? Les équipes de recherche vont maintenant s'attacher à affiner leurs résultats en suivant une nouvelle et plus grande cohorte mère-enfant baptisée "SEPAGES" et coordonnée par l'Inserm pour mieux mesurer l'exposition aux substances, notamment sur "différents événements de santé tels que la croissance, le comportement ou la santé respiratoire", selon l'étude. Aussi, "cette approche permettra d'étudier l'effet éventuel de ces substances chez les petits filles, qui n'avaient pas pu être considérées ici", expliquent les chercheurs avant de spécifier qu'il "est possible que leur sensibilité aux perturbateurs endocriniens diffère de celle des garçons". 

Où se trouvent ces perturbateurs endocriniens ? Bien qu'il fut interdit de tous les contenants alimentaires en France depuis janvier 2015 et biberons depuis 2011, soit bien après la réalisation de cette étude, le bisphénol A est encore présent dans certaines lunettes ou CD. Le triclosan est un agent antibactérien que l'on peut trouver dans certains dentifrices, savons et en teneur très limitée dans certains cosmétiques. Le DBP est autorisé jusqu'à une certaine limite dans certaines colles, vernis à ongles, plastiques PVC et laques pour les cheveux. Ce composé est toutefois interdit dans les cosmétiques.