Deuil pendant la grossesse : un impact sur l'enfant ?

Le stress subi à la suite d'un deuil par les femmes enceintes aurait des répercussions sur l'enfant. C'est ce que révèle une étude menée par des chercheurs de l'Inserm.

Deuil pendant la grossesse : un impact sur l'enfant ?
© 123Rf - Evgeny Atamanenko

Des chercheurs français de l'Inserm ont étudié les conséquences d'une angoisse prénatale intense sur la mortalité des enfants nés entre 1914 et 1916, dont le père est décédé au combat. Pour mener à bien leur étude, publiée dans la revue scientifique PNAS, ils ont épluché la base de données du ministère de la Défense qui répertorie les 1,4 millions de morts de la Première Guerre mondiale et 90 000 actes de naissances établis entre 1914 et 1916. Après ce travail de longue haleine, ils ont ainsi pu identifier plus de 2 651 pupilles de la nation, dont le père est mort au combat avant leur naissance. Ensuite, la durée de vie de chacun d'entre elles a été comparée à celle d'un enfant né à la même époque au même endroit, d'une mère du même âge.

Les résultats ? L'étude révèle que les enfants ayant perdu leur père avant leur mise au monde ont eu une durée de vie plus courte de 2,4 ans en moyenne. De plus l'impact varie selon le stade de grossesse. En effet, quand le décès a eu lieu durant le dernier trimestre de grossesse, les orphelins ont vécu 4 ans de moins. L'étude précise aussi que ces enfants avaient plus de risques que les autres de décéder avant 65 ans. Cependant, la durée de vie des enfants dont le père est mort après leur naissance était similaire à celle de leurs homologues.

L'étude confirme qu'une angoisse maternelle de longue durée fragiliserait l'enfant tout au long de sa vie et augmenterait le risque de mortalité prématurée. Pourquoi ? "Le stress subi par la maman semble affecter le fœtus, à un moment de son développement caractérisé par une grande plasticité", explique l'équipe de l'Inserm. Cette dernière suggère également que le stress inscrit "des marques de deuil" sur les enfants-orphelins, qui pourraient correspondre à des modifications génétiques ou chimiques. Ces marques ne modifieraient pas l'ADN, mais perturberaient l'expression de certains gènes. C'est le cas notamment de la variation des taux de cortisol, une hormone qui contrôle différentes étapes du développement du fœtus mais qui, à d'autres moments de la vie, est impliquée dans la réponse de l'organisme face au stress.