Trop d'interventions médicales pendant les accouchements ?
Une enquête de la DREES a comparé la fréquence des interventions au moment de la naissance selon le statut et la taille des maternités. Résultats.
L'accouchement, trop médicalisé ? Le reproche n'est pas nouveau. Mais aujourd'hui, une étude de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES) réalisée à partir de l'enquête nationale périnatale de 2010 fait vraiment le point sur la situation des femmes enceintes en France. Depuis la fusion des maternités dans les années 1970, la moitié des femmes accouchent dans des maternités réalisant plus de 2000 accouchements par an. Ont-elles plus de risques d'avoir un accouchement très encadré médicalement et ce, sans raison véritable ? La DREES a constaté que "52 % des femmes ayant une grossesse à bas risque ont recours à une intervention lors de leur accouchement (déclenchement, épisiotomie, césarienne...)". Pour autant, "les déclenchements, les césariennes et les épisiotomies ne sont pas plus fréquents dans les grandes maternités". En revanche, si vous accouchez dans une maternité privée, le risque d'intervention est bien plus grand ! La DREES estime que "le risque d'avoir une intervention lors de l'accouchement est 1,2 fois supérieur dans les maternités privées en comparaison avec les maternités publiques". Ainsi, "La probabilité d'avoir une césarienne ou une épisiotomie est multipliée par 1,3 dans les maternités privées, et celle d'avoir un déclenchement ou une extraction instrumentale est respectivement multipliée par 1,4 et 1,5". Comment expliquer que les accouchements soient surmédicalisés en maternité privée ? La DREES avance plusieurs hypothèses... La première étant que les maternités privées craignent davantage un risque médico-judiciaire et que les médecins sont plus tentés de pratiquer une césarienne ou un déclenchement afin d'anticiper des risques potentiels pour la santé de la mère et du bébé. D'autant, que dans le privé, ce sont les médecins qui sont responsables légalement et non la maternité. Par ailleurs, les "praticiens du secteur privé pourraient, par exemple, accéder plus facilement aux demandes des femmes qui souhaitent un déclenchement ou une césarienne, même en dehors de toute indication médicale". Enfin, dans le privé, ce sont les gynécologues qui gèrent davantage les accouchements que les sages-femmes "qui auraient une approche moins interventionniste que les médecins", note la DREES.
Quid des femmes à risques ? Enfin et c'est bien normal, votre état de santé va influer sur une intervention médicale pendant votre accouchement. "Les primipares, les femmes âgées de 35 ans ou plus, les femmes obèses et les femmes originaires d'Afrique du Nord et d'Afrique subsaharienne, ont des facteurs de risque bien connus de complications pendant l'accouchement", indique la DREES.
Source : DREES