Bébé ne vient pas, faut-il s'inquiéter ?

Vouloir un bébé, s'organiser pour, en rêver, l'attendre, l'espérer. Et finir par angoisser devant des tests de grossesse toujours négatifs. Myriam Szejer pédopsychiatre et psychanalyste vous aide à sortir de cet engrenage.

Bébé ne vient pas, faut-il s'inquiéter ?
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Le Dr Myriam Szejer. © Myriam Szejer

 A partir de quand faut-il s'inquiéter de ne pas réussir à tomber enceinte ?


On ne peut pas donner de délai. C'est très variable d'une situation à une autre, en fonction de l'âge des futurs parents, de leur histoire, du contexte dans lequel ils essayent d'avoir un bébé. La plupart du temps, les couples s'inquiètent trop vite ou pas assez. Si un couple ressent le besoin d'en parler, je pense qu'il vaut mieux le faire trop tôt que trop tard et ce, même si la démarche est un peu prématurée (à un moment où aucune exploration n'a encore été menée par un gynécologue). Le soutien devient évidemment encore plus nécessaire quand toutes les causes physiologiques à l'absence de grossesse ont été écartées. Un psychothérapeute pourra alors certainement aider le couple à surmonter un blocage de nature psychologique.

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Quand s'inquiéter ? © Laurent Hamels- Fotolia.com

Comment expliquer la survenue d'un tel blocage ?


Il n'y a pas d'explication. On ne sait pas pourquoi certains couples doivent attendre plusieurs années pour assouvir leur désir d'enfant. D'ailleurs, certains cas restent mystérieux pour les médecins. Chaque individu peut être traumatisé dans sa fonction de parent en conséquence de son propre vécu, de son inconscient, notamment de sa relation avec sa mère. La frustration extrême qui en découle n'améliore pas l'équilibre psychologique du couple et on sait que le stress influe sur la fertilité. Sans compter que les relations intimes deviennent souvent elles aussi compliquées. Essayer de concevoir un enfant interfère avec la sexualité d'une manière très violente. La démarche change. La libido des partenaires peut en souffrir. L'envie ne se commande pas et certains hommes ont parfois l'impression d'être pris pour des robots par leur conjointe. Ce qui évidemment n'arrange rien...

 

L'usage de la contraception a laissé penser à tort que la fécondité pouvait se maîtriser totalement.

Quelles sont les solutions pour dépasser ce blocage ?


La thérapie, notamment de couple, donne des résultats satisfaisants. L'écoute et le dialogue permettent de débloquer "l'accès psychologique à la maternité", d'explorer des problèmes profonds liés aux rapports familiaux. Mais il n'existe aucune méthode miracle. L'usage de la contraception a laissé penser à tort que la fécondité pouvait se maîtriser totalement. Il est grand temps d'abandonner cette illusion et d'observer une attitude plus raisonnable : laisser la nature agir. Parfois, il suffit de prendre du recul, d'arrêter de penser au fait qu'on veuille un enfant. Ou du moins de ne plus considérer la grossesse comme le seul objectif de sa vie, bref, de ne pas en faire une obsession. Se désinvestir du désir d'enfant, mener d'autres projets peuvent y aider beaucoup. Il arrive par exemple qu'après des années de déception, les couples décident d'adopter un bambin. Une fois leur démarche enclenchée, la grossesse tant espérée arrive. Comme si l'obtention de l'agrément, l'autorisation administrative de devenir parent, dénouait leur problématique, brisait leur inhibition.

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"Ces neuf mois-là"
Myriam Szejer et Robert Stewart
Les Editions Robert Laffont
310 pages