L'aspartame est-il interdit pendant la grossesse ?

Les effets des édulcorants intenses chez la femme enceinte font régulièrement l'objet de débats. Une récente étude qui indique une association entre ces sucres artificiels et le risque d'accouchement prématuré relance une nouvelle fois la polémique.

L'aspartame est-il interdit pendant la grossesse ?

Est-il dangereux de consommer des édulcorants intenses (tels que l'aspartame) lorsqu'on est enceinte ? Pour les scientifiques et les autorités sanitaires françaises, la réponse n'est pas encore tranchée. Ce mois-ci, des chercheurs suédois ont publié une étude menée sur plus de 60 000 Norvégiennes enceintes dans la revue American Journal of Clinical Nutrition. Ils ont comparé leur consommation de boissons "light" et de boissons sucrées avec leur risque d'accouchement prématuré (avant la fin de la 37e semaine de grossesse). Ils se sont aperçus que les femmes qui boivent au moins un verre par jour de boisson édulcorée voient leur risque d'accouchement prématuré augmenter de 11 %. Par ailleurs, celles qui boivent au moins un verre de boisson sucrée classique cette fois-ci, voient leur risque augmenter de 25 %. Avec les boissons sucrées, plus la quantité de boisson consommée est grande, plus de risque est élevé, une relation qui n'a pas été observée avec les boissons "light".

 

L'avis des autorités sanitaires

L'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation (Anses) a indiqué qu'elle allait examiner cette nouvelle étude dans le cadre de son groupe de travail "Bénéfices et risques des édulcorants intenses". En juin, dans un point d'étape sur le sujet, l'agence indiquait que "les données disponibles ne permettent pas de conclure à un effet préjudiciable des édulcorants intenses pendant la grossesse, que ce soit sur la santé de la mère, les paramètres obstétricaux, ou la santé du nouveau-né". Mais l'Anses estime également que les données scientifiques disponibles chez la femme enceinte sont insuffisantes pour conclure.

 

L'avis des médecins

Sur le sujet, les médecins ne sont pas tous tout à fait du même avis. "Pour le moment, il n'est pas justifié de délivrer aux femmes enceintes un discours alarmiste concernant les boissons allégées en sucre, surtout si elles sont consommées en quantité raisonnable et en remplacement des boissons sucrées", indique le Dr Boris Hansel endocrinologue et diabétologue dans le Journal international de médecine (Jim).

À l'occasion des Entretiens de Bichat, l'ISA France (Association internationale pour les édulcorants) a organisé un point presse le 14 septembre. A cette occasion, Marc Fantino, professeur de Physiologie au CHU de Dijon a exprimé un avis plus tranché : "De l'ensemble des données scientifiques disponibles à ce jour, il est possible de conclure à l'absence de tout risque démontré des édulcorants intenses autorisés à la consommation humaine, notamment pour les femmes enceintes. L'incessante relance des débats, sans arguments nouveaux, entretient vainement le doute."

Source : American Journal of Clinical Nutrition, Anses, Jim.

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