Philosopher dès l’école primaire, c’est possible !

Dans le cadre des ateliers de SOS Education, Jean-Paul Mongin, philosophe de formation, délégué général de l’association et par ailleurs éditeur d’une collection de livres philosophiques pour enfants, « Les petits platons » est intervenu pour expliquer comment enseigner la philosophie à l’école.

Jean-Paul Mongin parle en connaissance de cause : le jeune père de famille a fondé une maison d’édition en 2009 pour transmettre le goût et les bienfaits de la philosophie aux enfants, à l’école et à la maison. Si la discipline n’a pas encore été introduite dans tous les établissements scolaires français, elle n’en est pas moins profondément bénéfique pour l’éducation. Encore faut-il savoir la transmettre !

Une discipline arrivée tardivement en France

La philosophie est encore trop souvent réservée aux élèves de Terminale. En France, les premières expériences philosophiques à l'école datent de 1997, avec quelques ateliers dans des établissements pilotes, des colloques et des formations destinées aux professeurs.

Or, l’idée de pratiquer la philosophie dès le plus jeune âge a été avancée par la plupart des grands philosophes eux-mêmes. Selon Kant, "on n’apprend pas la philosophie : on apprend à philosopher". Alors, autant commencer le plus tôt possible !

Des bienfaits certains pour les enfants comme pour les professeurs

Philosopher avec des enfants dès l’école est enrichissant à la fois pour l’élève et pour l’enseignant. Pour l’enfant, cette pratique favorise évidemment la réflexion, le goût de la lecture, la maîtrise de la langue, l’enrichissement du vocabulaire, le développement de la connaissance de soi et de la confiance. Pour le professeur, enseigner la philosophie permet une approche différente des élèves, une unification et pacification de la classe. Ces moments d’échanges entre les enfants et l’adulte constituent aussi des espaces de liberté. Les élèves découvrent qu’on peut les interroger sans attendre une « bonne » réponse, ou tout du moins une réponse définitive, et que leur parole prend une importance nouvelle. Cela n’implique nullement, bien entendu, que le professeur abdique toute intention de transmission : "Philosopher avec un enfant, c’est aussi lui offrir des petits bonheurs d’érudition" rappelle Jean-Paul Mongin.

Les clés pour transmettre

Pour le fondateur des "petits platons",  la meilleure façon pour un enfant de découvrir la pensée d’un philosophe est de passer par la narration. Pas forcément par une histoire empruntée à la vie du philosophe, mais plutôt en s’appuyant sur les fictions développées dans son œuvre. Ainsi l’allégorie de la caverne, chez Platon, se raconte très bien à un enfant… et lui permet de découvrir une théorie de la connaissance. 

Lors de l’échange que le professeur ou le parent va avoir avec l’enfant, il s’agit d’incarner les personnages de la fiction le mieux possible, mais surtout d’interroger et faire réagir à chaque étape de l’histoire. En tant qu’adulte, il faut bien sûr s’armer pour être prêt à rebondir du tac au tac sur les questions des enfants "c’est un peu comme jongler, enchaînement doit être parfait sinon les balles retombent !".