Laïcité à l'école : 52% des lycéens favorables aux signes religieux

Quelle place les lycéens accordent-ils à la religion et à la laïcité à l'école ? Quel est leur point de vue sur le droit de "blasphémer" ? Une enquête de l'Ifop pour la Licra dévoile la perception des élèves, mais surtout le clivage entre les générations sur ces sujets.

Laïcité à l'école : 52% des lycéens favorables aux signes religieux
© milkos-123rf

Alors que la loi Séparatisme vient d'être adoptée par le Parlement en première lecture et que les politiques débattent sur la question de l'islamo-gauchisme au sein des universités, une enquête de l'Ifop pour la Licra et la revue Le Droit de vivre, réalisée auprès de 1006 lycéens et publiée ce 3 mars, montre la conception des jeunes face à la laïcité au sein des établissements scolaires, et la place de la religion, mais surtout le décalage entre leur perception et celle des adultes, dans le reste de la population française.

Les lycéens favorables aux signes religieux à l'école

"C'est la première fois qu'une enquête montre que les lycéens sont majoritairement favorables au port de tenues religieuses dans les lycées publics" précise l'enquête. Ainsi, la moitié des lycéens (52%), soit une proportion deux fois plus importante que chez les adultes (25%) est favorable au port des signes religieux comme la kippa ou le voile, au sein des établissements scolaires. Ils sont également 57% (contre 26% des Français) à soutenir le port des tenues religieuses par les parents accompagnateurs. Enfin, 49% des lycéens y sont également favorables pour les agents du service public, notamment pour les policiers ou les enseignants (contre 21% des Français). 

En revanche, concernant la question de l'Islam et la pudeur pesant sur les femmes lors des cours de natation par exemple, le port du "burkini" n'est soutenu que par une minorité de lycéens (38%). Mais cette proportion est là encore plus élevé que dans la population adulte (24 %). "Dans tous les cas, ces indicateurs mettent tous bien en exergue un très net clivage générationnel sur la question des tenues religieuses dans l'espace scolaire, mais aussi un clivage entre les lycéens musulmans et les autres" précise l'étude.

Que pensent les lycéens de la laïcité ?

Pour les lycéens, la laïcité constitue avant tout un cadre juridique visant à assurer la séparation du religieux du politique, la liberté de conscience et l'égalité entre les religions. Contrairement à leurs aînés, ils ne l'associent pas à une forme d'anticléricalisme. Ainsi, les lycéens interrogés rejettent majoritairement l'idée selon laquelle la laïcité consisterait à "faire reculer l'influence des religions dans la société". Ils ne sont que 11% à partager ce point de vue (contre 26% chez le reste de la population de plus de 18 ans). Les jeunes préfèrent en revanche associer la laïcité à "un traitement égal des différentes religions".

Le droit au blasphème : un avis mitigé

Ce droit acquis depuis plus d'un siècle, en 1881, est rejeté par 52% des lycéens, soit un taux légèrement supérieur que chez l'ensemble des Français (50 %). Ils contestent en effet la liberté de se montrer irrespectueux vis-à-vis une religion et ses dogmes. "Cette question du "droit au blasphème" met surtout en lumière le clivage existant sur ce sujet entre les musulmans et le reste de cette jeunesse scolarisée dans le second degré. En effet, si les jeunes musulmans s' opposent massivement (à 78 %) au droit d' outrager une
religion - tout comme les personnes perçues comme "non blanches" (à 65 %) ou habitant dans les banlieues populaires (à 60 %), ce n'est le cas que d'une minorité de catholiques (45 %), d' élèves sans religion (47 %) ou non scolarisés en REP (44 %)",
précise l'Ifop.

Par ailleurs, 49% des lycéens, contre 59% des adultes sont opposés aux caricatures des personnages religieux dans les journaux. Quant au choix fait par Samuel Paty de présenter en cours ces caricatures pour illustrer la liberté d' expression : 61 % des lycéens estiment qu'il a eu raison de le faire, contre 71 % chez les enseignants du second degré.
"La proportion de lycéens estimant qu'il a eu tort n' en reste pas moins faible (17 %), sauf dans les rangs des musulmans (48 %), des élèves en REP (27 %) ou de ceux se disant religieux (31 %)", ajoute l'étude.