Pauvreté : les enfants en ont une conscience aiguë

Selon le baromètre Ipsos/ Secours populaire qui publie chaque septembre les chiffres de la précarité, l'édition 2022 révèle que les enfants savent pleinement ce qu'est la notion de pauvreté, identifient les camarades d'école qui en souffrent, et redoutent même de voir leur famille et eux-mêmes y sombrer.

Pauvreté : les enfants en ont une conscience aiguë
© mizina

[Mise à jour du 8 septembre 2022 à 13h09] Tous les ans au mois de juin, Ipsos réalise pour le Secours populaire le baromètre de la pauvreté et de la précarité, dont les résultats sont publiés en septembre. Egalement interrogés via un questionnaire en ligne, 500 enfants entre 8 et 14 ont ainsi livré leur perception de la pauvreté, à propos de laquelle ils s'avèrent cette année être plus que jamais clairvoyants. 66% d'entre eux considèrent qu'il y a des élèves pauvres dans leur école, et 44% affirment qu'il y a "un peu ou "beaucoup" de pauvreté dans leur entourage proche, rapporte Le Monde.

La pauvreté, de plus en plus visible à l'école

De fait, selon Henriette Steinberg, la secrétaire générale du Secours populaire, "on note une augmentation de 24% en dix ans de la proportion d'enfants qui pensent qu'il y a des personnes pauvres dans leur famille" commente-t-elle. Et les enfants se révèlent plus que lucides sur les façons de catégoriser un camarade comme étant pauvre. 71% d'entre eux ont connaissance des difficultés financières qui empêchent certains enfants de partir en vacances, et 67% savent que même le cinéma, le musée ou les parcs d'attractions sont pour ceux issus des familles les plus précaires complètement inaccessibles. Dès lors, les enfants prouvent qu'ils ont parfaitement associés les notions de loisirs et de plaisirs à un luxe, du moins une chance, plutôt qu'à une sortie courante et généralisée, tout en identifiant les critères qui définissent quelqu'un comme pauvre.

Les chiffres de la pauvreté chez les enfants

La même enquête parue en 2019 révélait que 62% des enfants avaient peur de devenir pauvres. Une crainte justifiée trois ans plus tard par l'augmentation du nombre d'enfants qui reconnaissent être eux-mêmes pauvres. A l'époque, ils étaient 97% à déclarer ne pas avoir de problèmes pour aller chez le dentiste, le docteur ou à avoir des lunettes, contre 93% aujourd'hui. Pareil, ils étaient 97% à affirmer "manger en quantité suffisante et de manière variée", contre 91% à présent. Des chiffres qui font écho à ceux publiés par l'Unicef, révélant que de plus en plus d'enfant, en situation de précarité extrême, vivent dans la rue ou dans des abris de fortune, avec les conséquences entendues que cela engendre sur leur scolarité.

Une école inclusive pour Pap NDiaye

La lutte contre la pauvreté, particulièrement celle qui concerne les plus jeunes, passe par la refonte de l'école. C'est en tout cas le point de vue du ministre de l'Education qui a initié son projet d'"école inclusive" avec pour noyau central l'égalité des chances.

Une notion chère à Pap NDiaye, qui dès son affectation à la tête du ministère a déclaré œuvrer en ce sens. L'école doit "garantir les mêmes chances de réussite" a-t-il déclaré lors de sa conférence de presse de rentrée, permettre à chaque enfant de se projeter dans une autre catégorie que la leur, et de traverser les passerelles ainsi créées entre les classes (sociales).