42 000 enfants sont sans domicile fixe en France

Selon un rapport d'Unicef France et du Samu Social de Paris, 42 000 enfants sont sans domicile fixe en France. Une situation des plus précaires, qui est à l'origine de problèmes psychologiques chez les plus jeunes selon les auteurs de ce rapport.

42 000 enfants sont sans domicile fixe en France
© yuragolub

[Mise à jour du 11 octobre à 16h10] Selon un rapport d'Unicef France et du Samu Social de Paris publié ce 10 octobre et basé sur un décompte réalisé en août par Unicef France et la Fédération des acteurs de la solidarité, "plus de 42.000 enfants vivaient dans des hébergements d'urgence, des abris de fortune ou dans la rue". Seule une minorité de ces jeunes, estimés à 1600 environ,  dort dans la rue mais Adeline Hazan. la présidente d'Unicef France, insiste sur le fait que la vie en hôtel ou en foyer "a aussi des conséquences énormes sur la santé mentale des enfants". Les auteurs de ce rapport demandent donc le renforcement des moyens concernant l'accompagnement psychologique de ces enfants. "Une petite minorité sont des résilients qui en sortiront grandis, mais la majorité va en payer les pots cassés", a, en effet, expliqué à l'AFP le pédopsychiatre Bruno Falissard.

Manque de places, 115 indisponible

POur la présidente de l'Unicef France, Adeline Hazan et Pascal Brice, en charge de de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), le nombre d'enfants vivant dan la rue est même plus important que cela, car leur décompte s'est fait à travers les appels enregistrés au 115 (le numéro d'urgence hébergement), et qui n'ont pu être relogées. Le manque de places, ou leur incompatibilité avec la structure de la famille sont une des principales raisons de ces demandes non résolues, mais pas que. Le numéro d'urgence est souvent injoignable, et de nombreuses familles en situation d'urgence délaissent ce canal trop aléatoire pour trouver assistance. Aussi, retournent-elles à la rue avec leurs enfants, en attendant d'être autrement prises en charge.

Augmentation de 77% d'enfants à la rue entre janvier et la rentrée

En chiffres, le phénomène se traduit ainsi : depuis le mois de janvier, les chiffres du mal-logement concernant les enfants accusait une hausse de 77% selon l'Unicef et la FAS. Et parmi les 1658 enfants à la rue en la rentrée de septembre 2022, 368 enfants de moins de trois ans. 

"La France, en ratifiant la Convention internationale des droits de l'enfant, s'est engagée à assurer leurs droits fondamentaux, notamment leur droit au développement, à la protection, à la santé et à l'éducation" rappelait Unicef France, inquiète de voir la progression des chiffres répertoriant les enfants à la rue, dont quelques 200 mineurs étrangers isolés.  "En dépit des moyens inédits mobilisés pour pérenniser 200 000 places d'hébergement et qui doivent être au minimum conservés, la situation reste très préoccupante" affirmaient Adeline Hazan et Pascal Brice, en appelant au président de la République pour débloquer la situation et proposer une solution résidentielle pérenne et adaptée, aux familles sans domicile. Car les conséquences sur la scolarité, bien souvent abandonnée, sont désastreuses. Et la santé mentale des enfants en subit aussi de lourds traumas : entre angoisses persistantes et estime de soi déficitaire. 

Une santé mentale fragilisée

Plus l'enfant est jeune, plus ses conditions de vie peuvent être nocives pour sa santé mentale, selon le pédopsychiatre Bruno Falissard spécialiste, en particulier si le tout petit est privé "d'être au chaud, d'avoir à manger lorsqu'il a faim, d'être consolé quand ça ne va pas". Aussi la promiscuité d'une chambre d'hôtel exigüe sont propices à des situations de maltraitance, et de climat familial tendu. Si l'Unicef propose d'"améliorer la prévention et la détection des problèmes de santé mentale de tous les enfants en renforçant les leviers existants, avec une attention spécifique à la situation des enfants sans-domicile", cela risque d'être compromis par le nomadisme des familles concernées, qui vont au jour le jour là où il y a de la place, ne permettant pas de se fidéliser auprès d'un praticien. Des psychologues et spécialistes qui manquent, et pratiquent des dépassements d'honoraires complètement hors budget pour ces familles.