En France, un enfant sur cinq vit sous le seuil de pauvreté

L'Unicef vient de publier un rapport accablant sur les conditions de vie des enfants en France, très impactés par la crise économique.

En France, un enfant sur cinq vit sous le seuil de pauvreté
© Unicef

Plus de trois millions d'enfants vivent sous le seuil de pauvreté en France, soit un enfant sur cinq, déplore le rapport de l'Unicef publié aujourd'hui. Intitulé "Chaque enfant compte. Partout, tout le temps", il est remis à des experts du Comité des droits de l'enfant, l'instance des Nations Unies. S'il dénonce les conditions de vie des enfants en France, il propose également de nombreuses recommandations afin d'interpeller le gouvernement et de faire avancer les choses. Selon le rapport, 30 000 enfants sont sans domicile, 9 000 vivent dans des bidonvilles et 140 000 décrochent de l'école chaque année. "Les enfants et les jeunes sont impactés de manière disproportionnée par la crise économique et beaucoup d’entre eux cumulent les inégalités (éducation, insertion sociale et professionnelles, santé) aux conséquences désastreuses pour leur avenir et celui de la société tout entière", précise le rapport. Entre 2008 et 2012, 440 000 enfants supplémentaires ont plongé avec leurs familles sous le seuil de pauvreté. 

L'éducation en France : un fossé inégalitaire entre élèves scolarisés et ceux qui n'y ont pas accès. Malgré les efforts et notamment la refondation de l'école de la République qui a réaffirmé en 2013 le droit à l'éducation pour tous les enfants, nombreux sont ceux qui n'y ont pas d'accès. Certains établissements spécialisés manquent de solutions éducatives et "le système éducatif quant à lui creuse singulièrement les inégalités entres les élèves et place la France dans les derniers rangs européens en matière de performance et d'efficience".

La situation des mineurs isolés étrangers. Ces enfants et adolescents figurent parmi les plus vulnérables et leur situation est préoccupante, estime l'Unicef France. La loi du 5 mars 2007 réformant la protection de l'enfance avait pour but de prévenir les difficultés et d'assurer la prise en charge des mineurs isolés étrangers (MIE). "Force est de constater que l’accès aux dispositifs de droit commun est semé d’embûches pour ces adolescents, encore trop souvent livrés aux réseaux de traite des êtres humains".

La justice pénale des mineurs et l'abandon d'une réforme d'envergure inquiète l'Unicef. Le glissement de la justice des mineurs vers celle des adultes opéré dans les années 2000 est en contradiction avec les principes de la Convention Internationale des Droits de l'Enfant (CIDE) et l’esprit de l’ordonnance de 1945. "Les tribunaux correctionnels pour mineurs n’ont toujours pas été supprimés malgré les promesses gouvernementales", regrette l'Unicef France, qui demande à ce qu'"un seuil de responsabilité pénale soit fixé à l’âge le plus élevé possible, sans exception prévue et assorti d’un critère complémentaire de discernement". 

Les chiffres concernant les adolescents sont alarmants. Selon la Consultation nationale des 6-18 ans menée par l’UNICEF France en 2014, 28 % des 11 232 enfants et adolescents ayant participé à l’enquête aurait pensé au suicide, en particulier les filles, tandis que près de 11% d'entre eux aurait fait une tentative de suicide. Par ailleurs, plus de 41 % des ados âgés de plus de 15 ans déclarent consommer de l’alcool et avoir déjà été en état d’ivresse. Enfin, près de 32 % avouent consommer de la drogue ou fumer du cannabis.

L'Unicef émet 36 recommandations. "Notre rapport est un cri d’alarme qui doit pousser les autorités françaises à agir d’urgence et de manière plus efficiente pour chaque enfant", a déclaré Michèle Barzach, présidente de l'Unicef France. C'est pourquoi le rapport présente des recommandations concrètes à destination du gouvernement afin de faire avancer les choses. Le rapport est également remis ce jour auprès de Claude Bartolone, Président de l'Assemblée nationale.