Les couacs de la réforme des rythmes scolaires

La réforme des rythmes scolaires est mise en place cette année dans toutes les villes de France. Pourtant, elle pose encore quelques problèmes et l'organisation n'est pas toujours au rendez-vous. Retour sur les couacs.

Les couacs de la réforme des rythmes scolaires
© graphlight

Des communes où aucune activité n'est proposée
"C'est l'Education nationale qui fixe les horaires de l'école. Les maires peuvent en revanche refuser de mettre en place un accueil périscolaire. Charge à eux de répondre à leurs administrés" explique le ministère de l'Education nationale à 20 minutes. Certaines communes avancent le fait de ne pouvoir financer des activités périscolaires. Ces dernières n'étant pas obligatoires, ces villes à petits moyens ou petite volonté ont donc décidé de n'en proposer aucune. C'est le cas, par exemple, du groupement scolaire Albert Josse dans l'Eure (regroupant les écoles de Martainville et Fort-Moville). Les élus, d'abord opposés à la réforme, ont finalement décidé de l'appliquer. Les élèves auront donc bien des semaines de 4 jours et demi... mais sans activités. Leur argument ? Le SIVOS (Syndicat intercommunal à vocation scolaire) n'a pas les moyens de les financer et les parents se sont opposés à payer. Le résultat est donc que les enfants se trouveront en garderie pendant ce temps qui aurait dû être consacré à l'éveil. Une situation pas toujours agréable, d'autant plus pour ceux qui y restent déjà en attendant que leurs parents puissent venir les chercher à 18h30. Les premiers pénalisés sont donc les enfants. Il faut noter que les aides seront tout de même versées à la commune. Pour quoi faire ?

Celles où les activités sont payantes
Parfois, les aides de l'Etat et de la Caisse nationale des allocations familiales ne sont pas suffisantes pour pallier les dépenses engagées par l'organisation des activités. Dans certains cas, les élus ont décidé de demander une participation des parents. Souvent, elle est calculée en fonction de leurs revenus. À Lyon, Gérard Collomb, maire socialiste, a opté pour ce double financement. Avec 1600 animateurs supplémentaires, la mise en place de la réforme coûte près de 16 millions d'euros. 9 millions proviendront de la ville et 3 millions seront financés par les parents. Cette participation a, d'abord, été annoncée autour de 20 euros par an, ce sont finalement entre 2 et 19 euros que les parents devront verser par mois selon leurs revenus. Grincement de dents du côté des parents. Ils n'ont plus qu'à espérer que les activités seront à la hauteur des cotisations.

Les animateurs en nombre insuffisant
"Dans le cadre de la nouvelle réforme des rythmes scolaires, nous recherchons un directeur ou une directrice périscolaire à partir de septembre." Voici la première phrase d'une annonce sur Le Bon Coin. En effet, la réforme a créé de nombreux postes d'animateurs qui prennent en charge les enfants pendant le TAP (Temps d'activité périscolaire). Un animateur peut s'occuper jusqu'à 14 enfants de plus de six ans. Mais, dans certaines localités, le besoin d'animateur dépasse l'offre. Les raisons sont multiples : c'est un emploi qui a longtemps été saisonnier ou ponctuel, et aujourd'hui, les municipalités recherchent des petits contrats en temps, mais qui peuvent s'engager le plus longtemps possible dans l'année scolaire. Une offre de six heures de travail ne va pas forcement intéresser. Ainsi, certaines communes ne pourront pas immédiatement prendre en charge les enfants pendant ce temps. Certaines ont dû faire appel à des parents, des enseignants, des retraités, des employés municipaux... Des personnes qui n'ont pas forcément d'expérience ou qui n'ont pas obtenu leur BAFA (Brevet d'aptitude aux fonctions d'animateur). Or, 50 % des employés doivent avoir ce diplôme au sein d'une même structure. Une situation délicate qui devrait être amenée à évoluer.
 

Des maires récalcitrants
La grogne se fait bien entendre du côté de certaines mairies. Manque d'argent, de temps, désaccord avec la loi... La vingtaine de maires récalcitrants tente de marquer les esprits. Ainsi, Nicolas Dupont-Aignant, maire de Yerres et députe de l'Essonne a prévu de cadenasser les écoles mercredi 3 septembre en signe de lutte. Autre action, Evelyne Flacher, maire de Saint-Médard-en-Forez dans la Loire, a opté pour la solution de retirer les poignées de l'école tous les mardis soirs et de les remettre le jeudi matin. A Nice, Christian Estrosi, fervent frondeur de cette loi, fait dans l'effet de sensation en envisageant de vendre la villa que loue la rectrice de l'Académie de Nice. Ainsi, il compte financer la réforme. Bien entendu, cette vente prendrait plusieurs mois et devrait être examinée par un groupe de travail. On compte également parmi cette équipe d'irréductibles, le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, qui a commencé l'organisation de la mise en place très tard. Pour preuve, à la fin de l'été, la ville essayait toujours d'embaucher 3000 animateurs selon le Figaro. Les petits élèves de la cité phocéenne devront donc patienter quelque temps avant de bénéficier des activités. Les maires refusant d'appliquer cette loi seront d'abord rappelés à l'ordre par les préfets et le Code Pénal prévoit des sanctions allant jusqu'à cinq ans d'emprisonnement et 75 000 euros d'amende.

Les parents mécontents
Un sondage CSA pour RTL, publié lundi 1er septembre, à la veille de la rentrée, fait état de 60% de Français contre la réforme. Un chiffre qui monte à 69 % chez les parents d'enfants de moins de 15 ans. Des procédures un peu compliquées, un emploi du temps pas forcément clair, des activités mal annoncées... La rentrée des parents s'est faite dans la confusion. Un petit collectif de parents et professeurs, Les Gilets Jaunes, qui s'opposent fermement à la réforme, a lancé un appel à garder les enfants chez soi le mercredi et également à manifester le 6 septembre. Une entrée en matière on ne peut plus claire...

Et vous, comment avez-vous vécu cette rentrée avec les nouveaux rythmes ? N'hésitez pas à partager vos expériences sur notre forum ! 

EN VIDEO : Reportage dans les écoles fermées le mercredi

"Rythmes scolaires : les écoles fermées"

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