Enfant doué : pourquoi un test ?

Vous pressentez que votre enfant est un peu différent des autres ? Un test de QI pourrait être utile...

La notion de test de QI déchaîne parfois des réactions passionnées, et finalement peu  rationnelles puisqu’il s’agit d’un instrument établi pour aider à mieux connaître un enfant et les raisons de son malaise. Il est bon de donner un aperçu des bienfaits apportés par un test

Dans une prochaine chronique, nous étudierons plus spécifiquement chaque item et ce qu’il nous apprend.

Il est vrai qu’on entend dire qu’un test est « positif » ou un adjectif de ce genre pour dire simplement qu’un enfant se situe dans les 2% supérieurs dans une courbe de Gauss (Répartition dite « normale » d’une population, c’est-à-dire un grand nombre de personnes dans la moyenne et de moins en moins à mesure qu’on se rapproche des extrémités).

Le test le plus souvent utilisé est le WISC  IV : il sert à tenter de cerner d’une façon à peu près objective la façon dont un enfant utilise son intelligence en comparant ses résultats à ceux obtenus par les enfants d’une même classe d’âge.

A partir des données fournies par ce test, on peut le guider avec plus de précision et de sûreté : il saura, et nous avec, quels sont ses points forts, ceux qui ne lui feront pas défaut à mesure que l’école deviendra plus exigeante, et ses points plus défaillants qu’on pourra donc l’aider à travailler avec plus de certitude.

S’agissant des enfants doués, beaucoup de réactions surprenantes et de faiblesses incompréhensibles s’expliquent par une rapidité d’esprit mal maîtrisée, très manifeste durant le test : elle est donc subie et non utilisée avec dextérité. Des enfants sont considérés comme dyslexiques parce que leur pensée est trois mots en avance par rapport à ceux qu’ils sont en train d’écrire.

Je leur dis qu’ils conduisent un attelage où chacun des chevaux qui le composent galope à son propre rythme sans s’occuper des autres : l’attelage va verser…

Certains ont tellement l’habitude d’atteindre une réussite satisfaisante sans fournir le moindre effort qu’ils paraissent en avoir oublié la notion. Tranquilles, mais toujours rapides, ils donnent la première réponse qui leur vient à l’esprit et qui est longtemps la bonne jusqu’au moment où ils se sentent perdus parce qu’ils ignorent tout du raisonnement qu’ils auraient dû s’entrainer à mener depuis plusieurs années déjà.

L’échec subit et vertigineux d’élèves considérés, jusque-là, comme « bon en math » l’illustre tous les jours. Habitués à ce que la solution leur apparaisse tout naturellement, ils ignorent le chemin qui y conduit.

Ce mécanisme fulgurant de la pensée est très manifeste durant la passation d’un test, mais il n’est pas souvent compris comme tel dans le quotidien scolaire. On dira alors qu’il s’agit d’un enfant paresseux, qui ne veut pas se donner le mal d’approfondir son raisonnement, et lui-même se construira avec cette image négative. Lui, qui peut passer des heures passionnées à pousser au plus loin une recherche sur un sujet qui l’attire, qui sait fignoler dans le moindre détail un exposé ou une réalisation où il met toute son énergie, se verra qualifier de « paresseux » parce qu’il a négligemment exécuté un travail dépourvu de tout intérêt à ses yeux.

En revanche, ceux qui aiment relever un défi, qui ont plaisir à l’emporter sur un obstacle hérissé de toutes sortes de pièges savent puiser en eux une énergie surprenante.

Parfois, envahis par une inquiétude grandissante face à des épreuves dont la difficulté ne cesse de croître, ils demandent s’il est normal qu’ils trébuchent de la sorte, leur envergure intellectuelle leur rendant plus difficile l’évaluation objective d’une difficulté. Ils ont donc besoin d’être rassurés et quand on leur explique que le test s’adresse aussi à des enfants bien plus âgés qu’eux, ils sont rassurés et déploient tout leur dynamisme en sachant qu’un échec n’entraînera pas de blâme.

Par la suite, ils ne sont pas peu fiers de raconter comment ils sont su vaincre des difficultés destinées à de plus grands qu’eux.

Ce n’est pas une vaine fierté, c’est la joie d’avoir triomphé d’un obstacle qui aurait normalement dû marquer les limites de leurs capacités. On a toujours plaisir, enfants comme adultes, à réussir glorieusement quelque chose de particulièrement difficile. Ces batailles-là, quand elles sont remportées avec éclat, restaurent, rassurent, maintiennent une harmonie apaisante avec l’environnement et même avec l’existence en général. L’image de soi est plus brillante.

Le test sait ménager ces plaisirs : trop de facilité ôte toute énergie, toute motivation. Quelle gloire y a-t-il à résoudre un problème qu’un enfant de 3 ans pourrait réussir en se montrant un peu attentif ?

Au cours du test on voit comment réagissent les enfants : ténacité, persévérance, attention renforcée quand c’est nécessaire, ou bien découragement trop tôt survenu, et, pour le plus jeunes, colère immense quand ils voient venir l’échec qui révèlera impitoyablement leurs défaillances.

Souvent, pour ces enfants incertains que sont les enfants doués, le test leur renvoie d’eux une image objectivement rassurante : leur attitude change alors, ils sont plus confiants, plus détendus, plus gais, on leur a fourni un mode d’emploi dont ils ignoraient tout, ils peuvent souffler et non plus rester sur le qui vive par crainte de voir dévoiler des manques qu’ils n’auront pas su combler parce qu’ils ne les auront même pas remarqués. Les enfants doués sont distraits, ils rêvent, ils échafaudent des histoires magnifiques dans des pays merveilleux, rien d’étonnant à ce que des détails du quotidien leur échappent parfois. Ces « jeux » plaisants leur ont démontré qu’ils savent conduire un raisonnement avec une admirable logique : leurs rêves n’en seront que plus aventureux et chatoyants parce qu’ils ne seront plus considérés comme un refuge misérable face aux contraintes étouffantes du quotidien, mais comme la manifestation d’une pensée originale, créative, riche de promesses.