Pourquoi des parents retirent leur(s) enfant(s) de l'école ou ne les y inscrivent jamais ? Une réflexion personnelle, une remise en cause du système et un profond désir de bien-être pour leur progéniture les animent. Chaque famille a son propre parcours, mais les itinéraires se recoupent souvent car de nombreux vécus mènent à la non sco. Le témoignage de Florence.
Une réflexion personnelle
Pour
Florence et sa famille, la non sco fut une prise de conscience. Frustrée
de s'apercevoir, qu'en tant qu'adulte, elle n'avait rien retenu de ses
années de scolarité, elle ressentit la nécessité de repartir à zéro,
pour réapprendre. Cet apprentissage bis lui permet d'éprouver enfin la
joie de maîtriser des connaissances et crée une belle complicité
familiale. Le choix de la non sco implique un questionnement permanent,
le besoin de trouver des réponses, dans des livres ou lors de rencontres
enrichissantes. Grâce à cette décision assumée, la famille creuse
de nouvelles pistes de vie, qu'elle n'aurait pas imaginées auparavant.
Aujourd'hui, chacun se sent en paix avec lui-même, quelque que soit sa
différence.
Une remise en cause du système
Le
rôle endoctrinant de l'école effraye certains parents qui constatent
chaque jour les ravages de la pensée unique. La chape de plomb qu'ils
ressentent les écœurent et leur donne force et courage pour chercher
une alternative à cette idéologie.
L'institution
scolaire, d'après l'expérience de la famille de Florence, n'est guère
respectueuse des troubles de l'apprentissage. Hier, les enseignants,
durant la scolarité des enfants, aujourd'hui les inspecteurs, lors des
contrôles de la non sco. La Ritaline est-elle la seule réponse à
apporter à un enfant «dys» (terme qui regroupe différents troubles cognitifs : dyslexies, dysphasies, dyscalculies, dyspraxies, dysorthographies...) ? Certains enfants sont-ils à ce point
inadaptés à l'école ou le fonctionnement de l'institution est-il
totalement à revoir ? Où se trouve l'échec ?
Etre
un parent qui prend conscience du vide scolaire vertigineux qui lui
tient lieu de connaissances, cela donne le tournis. Cela donne aussi de
la colère, de la rancœur et la rage de recommencer à apprendre, de
réfléchir à la façon de structurer l'instruction de ses enfants, et tout
particulièrement, pour un enfant multidys. Un parent non sco
s'instruit sur la pédagogie, les neurosciences, les centres d'intérêts
de ses enfants, la législation scolaire, les modes d'apprentissage, etc,
et chaque jour, sur le métier, remet son ouvrage.
Un profond désir de bien-être pour sa progéniture
Un
parent non sco, un jour, choisit de ne plus supporter ni les
humiliations subies par son enfant dys, ni le rythme scolaire fou, mais
de respecter ce temps d'enfance. Après mûres réflexions, la non sco
s'installe dans la famille. Rythmes et centres d'intérêt structurent
désormais la vie du foyer. Les souffrances liées aux apprentissages, les
étiquetages arbitraires sont éliminées du quotidien. La convalescence et
les progrès peuvent commencer. Rien n'est simple, mais tout se
construit de concert, petit à petit.
Un long cheminement
Il
faut beaucoup de courage pour oser faire fi des commérages, croire en
ses enfants malgré le discours ambiant, se remettre aux apprentissages,
se faire confiance, bref, changer de vie, loin de la norme majoritaire.
En cela la non sco est une sorte de voyage au long cours. Entre
tempêtes et accalmies, elle permet d'aborder des paysages inconnus, de
rencontrer d'autres horizons, de se poser de multiples questions en n'y
trouvant que quelques réponses, un jour, remises de nouveau en cause.
Rien n'y est jamais acquis, tout le mode de vie quotidien est modifié,
des contraintes inédites s'imposent, mais des voies nouvelles
apparaissent, qui préservent la liberté individuelle de penser. Les
parents non sco, pense Florence, sont «peut-être
les parents précurseurs d'un changement
profond de la société. Des parents qui ne soutiennent plus un système
qui se saccage tout seul. Il est plus facile de rendre malade l'enfant
que de démontrer que le système est malade, le système étant dans le
déni le plus absolu de sa pathologie.»
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