"Le cerveau d'un enfant n'est pas prêt pour ça" : des spécialistes alertent sur un rôle invisible qui laisse des séquelles

Les conséquences peuvent être irréversibles, jusqu'à impacter leur vie d'adulte.

"Le cerveau d'un enfant n'est pas prêt pour ça" : des spécialistes alertent sur un rôle invisible qui laisse des séquelles
© Kampus Production / Pexels

Il existe des phrases que l'on prononce sans y réfléchir. Elles paraissent valorisantes, affectueuses et pleines de tendresse, pourtant, derrière ce réflexe à priori anodin, les thérapeutes alertent : ce réflexe place les enfants dans une posture qui n'est pas la leur. Et les conséquences peuvent être désastreuses. Les parents concernés ne cherchent pas à nuire ; au contraire, ils veulent exprimer l'importance de leur lien avec leur enfant. Mais les psychologues rappellent que l'amour et la complicité ne suffisent pas à définir une relation saine. Carrie Howard, travailleuse sociale clinique agréée, l'explique clairement : "Les enfants ont besoin que leurs parents soient leurs parents. Ils ont besoin qu'ils soient des adultes sûrs et guidants dans leur vie, et non leurs pairs. Et lorsque ces limites deviennent floues, il devient plus difficile d'être un bon parent". Autrement dit, le danger n'est pas la complicité, mais l'effacement de la hiérarchie naturelle entre parent et enfant.

À court terme, cette confusion peut sembler renforcer la proximité. L'enfant se sent valorisé, il pense être sur un pied d'égalité. Mais cette illusion a un prix : il se retrouve chargé de responsabilités qui ne devraient pas lui incomber. Les thérapeutes parlent de "parentification". L'enfant devient soutien émotionnel de son parent, parfois même confident, alors que son développement psychologique n'est pas prêt pour assumer ce rôle. Kyndal Coote, assistante sociale agréée, alerte : "Les enfants ne sont pas suffisamment développés pour être le principal soutien émotionnel de leurs parents. Ils n'ont pas les outils pour le faire, leur cerveau n'est même pas développé".

Dans ce contexte, au lieu de se concentrer sur sa croissance personnelle, il apprend à gérer la tristesse, la colère ou les doutes de ses parents. Ce poids silencieux laisse des traces. À l'adolescence, il peut se traduire par des difficultés à accepter l'autorité parentale, ou à l'inverse par un besoin excessif de veiller sur son père ou sa mère. À l'âge adulte, il devient source d'hésitations, de culpabilité face aux choix de vie, ou d'insécurité dans les relations amoureuses et amicales. La pratique qui pose problème ? Considérer son enfant comme son meilleur ami et lui faire part de cette intention.

À noter que ce scénario se présente généralement en cas de divorce. L'enfant devient le témoin malgré lui des conflits d'adultes, sommé de choisir un camp. Les thérapeutes insistent donc sur la nécessité pour les parents de cultiver d'autres soutiens. Au lieu de se tourner vers leur enfant pour trouver du réconfort, ils doivent chercher des relations entre pairs. Un conseil à retenir.