Sans surprise, les enfants de mères solos plus pauvres après une séparation

Une nouvelle étude publiée par l'Ined montre que les conditions de vie des enfants ont tendance à se dégrader fortement après une séparation des parents. Le niveau de vie des enfants de mères solos baisse de 24%, et sont davantage touchés par la pauvreté. Voici pourquoi.

Sans surprise, les enfants de mères solos plus pauvres après une séparation
© arseniipalivoda-123RF

Des parents qui se séparent ou qui divorcent peuvent sans le vouloir précipiter leur enfant dans la pauvreté. C'est ce qui ressort d'une nouvelle étude de l'Institut national d'études démographiques (Ined) publiée ce mercredi 19 avril. Deux chercheuses, Carole Bonnet et Anne Solaz, se sont penchées sur les conséquences économiques que peut avoir une séparation pour les enfants. D'après leurs recherches, les enfants qui résident chez leur mère après la séparation connaissent souvent une baisse du niveau de vie "avec un fort risque d'entrée en pauvreté et des conditions de vie dégradées", indique l'étude.

Une baisse du niveau de vie de 24% chez les mères solos

L'année de la séparation, quand les enfants résident fiscalement avec leur mère, leur niveau de vie baisse en moyenne de 24%. Un taux qui est moitié moindre quand l'enfant vit avec son père, constatent les chercheuses. "Lorsque l'on vit seul, tout coûte plus cher. On ne peut plus partager le loyer, le coût du chauffage et le prix des courses. Et cette chute du niveau de vie est particulièrement manifeste l'année après la séparation, car les parents n'ont pas forcément eu le temps de solliciter les aides auxquelles ils peuvent prétendre", rapporte la spécialiste Anne Solaz.

Les conséquences de cette baisse du niveau de vie se remarquent à plusieurs niveaux au quotidien : les enfants se retrouvent à vivre dans de plus petits logements, ont moins de cadeaux et de vacances en dehors de chez eux, perdent certains de leurs amis ou ils les voient moins. Toutefois, dans les années qui suivent la rupture, généralement "le rattrapage de niveau de vie est progressif", notamment lorsque le parent se remet en couple, nuance l'étude. De plus, il est possible que l'autre parent, dans ce cas le père, compense les contraintes liées à la pauvreté de son enfant.

Un risque de précarité plus élevé pour les jeunes enfants

Les enfants jeunes sont plus à risque de tomber dans la pauvreté, notamment pour ceux dont les parents vivaient simplement en concubinage. "Plus de 35 % des enfants de deux ans dont les parents viennent de se séparer sont pauvres, contre 22 % des enfants de 13 ans", indique l'enquête. "Cela s'explique par le fait que davantage de parents de jeunes enfants étaient déjà en situation délicate avant la rupture, sans doute parce que certaines mères s'arrêtent de travailler les premières années après la naissance", souligne Anne Solaz. 

"Plus de 35 % des enfants de 2 ans dont les parents viennent de se séparer sont pauvres, contre 22 % des enfants de 13 ans."

Pourquoi les enfants de mères solos sont plus touchés par la pauvreté ?

Plusieurs facteurs peuvent expliquer pourquoi les enfants qui vivent chez leur mère sont plus à risques. Le premier concerne la situation professionnelle des mères célibataires. "Elles occupent plus souvent des emplois à temps partiel et 17 % des mères isolées sont au chômage après une rupture, contre 10 % des pères isolés", note Anne Solaz.

Le second facteur porte sur le paiement des pensions alimentaires. De nombreuses mères célibataires doivent composer régulièrement avec le non paiement et parfois un paiement partiel de la pension alimentaire, versée par leur ex conjoint. "On estime à 30 % les pensions non payées ou en retard chronique de paiement", indique le site du gouvernement en 2022.

Sources : Séparation des parents : un risque accru de pauvreté pour les enfants ? Par Carole Bonnet, Anne Solaz. Ined Population et Sociétés n°610, avril 2023