Violence à l'école : pourquoi les enfants sont en grande insécurité ?

Selon une nouvelle enquête française, près de 8 jeunes sur 10 ont déjà subi des violences à l'école. Un phénomène qui s'est aggravé au fil des années et qui se constate à tous les niveaux, au collège comme en maternelle. Détails.

Violence à l'école : pourquoi les enfants sont en grande insécurité ?
© belchonock

Aujourd'hui, les violences en milieu scolaire sont bien plus inquiétantes qu'il y a 20 ans. Les chiffres du nouveau baromètre de l'Éducation de la fondation Apprentis Auteuil, réalisé en août 2022 avec l'institut Opinion Way auprès de plus de 1 000 jeunes âgés de 15 à 20 ans et de 1 000 parents, parlent d'eux-mêmes. 77% des jeunes ont admis avoir déjà subi des violences au sein de l'école, alors qu'à l'époque de leurs parents, seuls plus d'une personne sur 3 le déclaraient. Pour cette nouvelle génération, l'école n'est finalement pas un lieu sûr. 74% d'entre eux estiment que c'est un lieu propice à l'expression des violences et 29% ne s'y sentent pas en sécurité. 

Non pas une mais des violences

Toujours selon l'enquête, la violence à l'école aujourd'hui est plurielle, elle prend différentes formes, "principalement verbales pour 64 % des jeunes interrogés, mais aussi psychologiques pour 44 % et physiques pour 38 %". Elles seraient d'ailleurs bien plus graves et plus fréquentes à notre époque. "15% des jeunes déclarent avoir subi des coups, 14% du sexisme, harcèlement sexuel ou violences sexuelles, 9% ont participé à des jeux dangereux (challenges Tik Tok, jeux issus de Squid Games, jeu du foulard…).

Ces violences ne semblent épargner personne. Elles touchent aussi bien les filles (79%) que les garçons (74 %), et dans la plupart des cas ces violences sont majoritairement faites par les élèves sur d'autres jeunes. Dans ce type de situation, ce sont en revanche les garçons en majorité qui en sont les auteurs (à 79% contre 43 % pour les filles). 

A partir de quand ont lieu les violences à l'école ?

On pourrait s'imaginer que les violences en milieu scolaire surviennent uniquement dès le second degré. C'est en partie le cas et notamment au collège, où "71% des 15-20 ans disent en avoir été victimes pendant cette période", mais en maternelle et au primaire aussi des faits de violence sont constatés et bien plus qu'on ne le croit. "30% des jeunes déclarent avoir été victimes de violences dès l'école maternelle et le primaire. Ils sont même 6% à les avoir connues avant 6 ans."

Des causes multiples

L'étude d'Apprentis Auteuil nous apprend également que dans ces violences les causes ou les éléments déclencheurs sont multiples. Au sein des écoles, ce qui est déterminant dans le passage à l'acte c'est avant tout le fameux effet de groupe (à 44 %). À plusieurs, les auteurs des violences passent plus facilement à l'acte. Les "mauvaises fréquentations" et un contexte familial difficile n'aident pas non plus dans ces situations. Pour les jeunes interrogés, les réseaux sociaux aussi ont un rôle à jouer. 83% d'entre eux "pensent que les réseaux sociaux contribuent à renforcer la violence. Ils constituent également une forme de violence en eux-mêmes car 56% des 15-20 ans affirment avoir déjà vu circuler des vidéos et photos humiliant des jeunes sur leur téléphone."

Des conséquences dramatiques

Ces violences faites pendant le parcours scolaire laissent des séquelles sur le long terme chez les victimes. Tant au niveau de leur confiance en soi (46%), que de leur santé mentale et physique (22 %) et de leur scolarité. Les violences accentuent les risques de décrochage et de phobie scolaire (27 %), selon l'enquête. Les conséquences sont telles que pour 81 % des jeunes, ce sont des expériences traumatisantes. À tel point que beaucoup, 1 jeune sur 5, préfèrent les passer sous silence et ne pas en parler.  

Face à ces phénomènes de violences, les élèves comme les parents se sentent encore démunis. "Près de la moitié des jeunes (48%) et 2 parents sur 3 estiment encore qu'ils ne se sentent toujours pas suffisamment informés sur ces questions de violences à l'école." Un sentiment légitime, qui montre aussi les limites du plan de lutte du gouvernement contre les violences scolaires, mis en place depuis 2019.