Comment aider un enfant doué à canaliser sa gentillesse ?

Les enfants doués montrent très tôt une grande curiosité d'esprit, ce serait même une de leurs principales caractéristiques, provoquant parfois l'épuisement de leur entourage, pressé de leur apprendre à lire pour qu'ils  cherchent seuls les réponses à leurs multiples et incessantes questions.

Comment aider un enfant doué à canaliser sa gentillesse ?
© dimedrol68

Ces enfants perspicaces ont vite compris que la connaissance constituait une clef pour mieux saisir les mécanismes régissant le vaste univers et donc pour y tracer plus facilement sa route. Ce goût pour le savoir et cette joie à avancer sur son chemin insufflent une vitalité admirable à ces enfants curieux de tout : il ne s'agit pas du vain désir d'accumuler des connaissances de façon boulimique, ils sont pressés de se forger des armes qui feront partie de leur personnalité, non pas pour attaquer quiconque, ils ne sont pas belliqueux,  mais pour mieux savoir comment se construire un efficace système permettant d'aller de l'avant.

Le savoir au service de leur gentillesse

Leur gentillesse fondamentale leur interdit  d'attaquer et ils ne comprennent même pas l'agressivité des autres, surtout quand rien ne la justifie. C'est d'ailleurs la naïveté paradoxale des enfants doués qui les exposent aux assauts des pervers, puisqu'ils ne peuvent concevoir tant de noirceur gratuite. Pour eux, comprendre un enchaînement de faits, déduire les conséquences d'un événement permettent d'ajuster au plus près la réaction la mieux adaptée, et justement la perversité ignore la logique, la sienne est faussée, c'est pourquoi elle échappe à l'entendement des personnes sensées. Si on veut orienter sa destinée en fonction de ses désirs et de ses préférences il convient de savoir les reconnaître, d'en préciser tous les aspects et de  s'organiser ensuite pour obtenir la plus grande satisfaction possible.  Cette réalité  exige des armes affûtées  comme doit en procurer l'école : la logique, aussi bien grammaticale que mathématique, permet de trouver des arguments irréfutables, aidée dans ce travail par l'art de la démonstration convaincante et celui  de la discussion ;  étayées par la découverte des travaux et des écrits des savants, des philosophes, des écrivains et des poètes ces démarches de l'esprit acquièrent une grande efficacité. Le choix  de ces munitions s'opère en fonction des goûts, des préférences et aussi des dons  de chacun : ceux qui évoluent dans l'univers des mathématiques avec un plaisir toujours égal, feront porter leur choix sur cette logique-là, qui les enchante, mais elle peut aussi permettre une défense pertinente contre tout discours ou toute démonstration qui s'en écarteraient. On ne peut les tromper, ils n'ont même pas besoin de se tenir sur la défensive, ils se fient à leur logique imparable pour éviter les pièges, mais, auparavant, il leur a fallu s'entraîner pour acquérir cette confiance ; cette arme a été longuement forgée pour parvenir à une telle maîtrise. Un langage clair, au vocabulaire choisi, reflète une pensée d'une logique irréfutable : une faille, même infime,  dans un discours ou une démonstration leur ôte toute crédibilité.

Les passions, elles aussi, contribuent à forger ses armes 

Quand on devient spécialiste, on est imbattable. L'image de soi en acquiert plus de force et de densité. Les enfants doués ont bien compris qu'il fallait apprendre à mener un certain combat pour tracer sa route,  même si un environnement propice durant l'enfance a pu laisser penser que ce combat serait inutile : de bonnes études dans des conditions favorables, une entrée dans la vie facilitée par l'absence de problèmes financiers, un entourage proche et compréhensif ne suffisent pas au long cours. Même alors, l'enfant doué s'est heurté très tôt à toutes sortes de malentendus, pratiquement inévitables dans sa situation, il a dû  découvrir dans l'urgence comment se protéger sans heurter de front ceux qui ne saisissaient pas sa nature, mais dont il fallait bien se défendre pour éviter des blessures trop douloureuses.

Forcer sa nature

 Si on ne possède pas l'état d'esprit d'un combattant, ces malentendus entravent le développement de la personnalité, ils engluent ses aspects les plus spécifiques, l'existence ne tiendra pas ses promesses comme elle l'aurait dû. C'est bien d'un état d'esprit qu'il s'agit : la faculté de se ressaisir, de reprendre rapidement ses forces vient du plus profond de soi. Il fallait intégrer très  tôt qu'en définitive, il n'y aura pas toujours une aide pour faciliter l'avancée dans la vie, comme certains l'ont eue au moment de l'entrée dans la vie adulte.
Survient un événement, parfois seulement un individu perturbant une trajectoire qu'on aurait crue aisée à suivre, et il faut alors sans tarder mener un combat tantôt subtil, tantôt violent- même si c'est avec tact, trouver les parades - même si on ne gagne pas toujours, la défaite sera  alors amortie si elle devient inévitable en dépit de toutes les stratégies trouvées dans l'urgence. Certaines circonstances ne laissent aucune chance, mais on parvient à s'en remettre et à calmer ses meurtrissures.  L'enfant doué a souvent très tôt compris la nécessité de se forger des armes efficaces : ne serait-ce que par ses lectures, il a vite saisi que le bien,  l'ordre, la justice et la loi ne triomphent pas nécessairement, comme cela devrait se produire dans un univers harmonieux et  bien réglé. C'est tout naturellement qu'il a alors commencé à forger les armes qui lui seraient les plus faciles à manier, il n'a pas eu besoin qu'on l'y incite ni qu'on lui démontre cette nécessité : c'était une démarche spontanée de sa part, ses parents ne s'en sont peut-être même pas aperçus. De toutes façons, ils sont habitués à être surpris et déroutés par leur enfant, mais, généralement, ils ne lui supposent pas la maturité suffisante   pour avoir déjà saisi que la notion de combat était essentielle dans la construction de la personnalité : il faut se tenir prêt, même s'il n'y a aucune menace, simplement, il est important de se souvenir  que rien n'est jamais véritablement acquis.

Des héros-modèles à leur mesure

Les enfants doués adorent les romans de chevalerie : ces preux chevaliers, qui n'hésitaient pas à partir au combat du moment que c'était pour une noble cause, sont, un temps, leurs héros ; leur désir de s'entraîner, au moins mentalement, à combattre puise ses sources dans des profondeurs historiques. Un peu plus tard, les valeureux héros de science-fiction, qui sauvent la terre grâce à leur courage héroïque soutenu par leur intelligence aiguë deviennent à leur  tour des modèles, voire des guides, quand ils affrontent le mal absolu. Il ne s'agit pas de devenir un guerrier vivant constamment l'arme au poing, mais de garder à l'esprit qu'on peut toujours être amené à défendre ses idées, à les exposer clairement pour éviter les malentendus, et surtout que c'est en soi qu'on trouve la force nécessaire. S'y ajoute la persévérance, qualité indispensable pour aller au bout de ses entreprises. Les parents le savent par expérience propre, mais ils aimeraient protéger leur enfant, lui éviter les moments difficiles qu'ils ont connus, tout en étant conscients de la nécessité d'adopter une attitude ferme le plus souvent possible : elle contribue à former le caractère, sans révolte inutile et stérile.

Conseils : il  est important de transmettre ces notions essentielles qui permettent de se construire de façon plus solide, on peut s'appuyer sur la littérature, mais surtout consoler les chagrins et panser les blessures en montrant qu'on peut toujours ensuite se reprendre et continuer son chemin.