Inflation cantine : des communes réduisent les menus

La hausse des prix dans les cantines scolaires se poursuit. Certains communes ont décidé de revoir leurs menus et de réduire le nombre de plats qu'ils proposent aux enfants.

Inflation cantine : des communes réduisent les menus
© senkaya

[Mise à jour du 12 septembre 2022 à 14h33] Ces derniers mois, c'est un sujet qui préoccupe les professionnels du secteur mais aussi les parents : l'augmentation du tarif des repas à la cantine. Et pour cause, la hausse du prix des matières premières, de l'énergie, et les pénuries de certaines denrées alimentaires poussent les fournisseurs de restauration scolaire à revoir leurs prix et même les menus qu'ils proposent. De quoi nourrir certaines inquiétudes chez les familles, et à raison. Selon un récent sondage Ifop, mené pour le Syndicat national de la restauration collective (SNRC), 81% des parents déclarent être inquiets de voir les prix augmenter cette année. Plus de quatre sur dix envisagent même de réduire le nombre de repas pris à la cantine pour leur enfant, si la hausse des tarifs est trop importante. 

Une augmentation inévitable 

Les organismes privés comme Sodexo ou Elior, qui gèrent 40% des cantines scolaires, réclament une augmentation du prix du repas conséquente à la forte inflation, qu'ils ne peuvent assumer tout seuls. "En 2021, ils ont augmenté de 1,1% et cette année d'environ 4%. Ce n'est pas assez compte tenu de l'inflation", a expliqué Philippe Pont-Nourat, président du Syndicat national de la restauration collective (SNRC), au Figaro. Et comme les prestataires de restauration doivent aussi prendre en charge la revalorisation des salaires du personnel encadrant, la majoration du tarif de la cantine est inévitable, située entre 5 et 10%, selon Philippe Laurent, vice-président de l'association des maires de France.

Pas d'augmentation dans les lycées franciliens

Les collectivités en charge de la restauration scolaire (la commune pour le primaire, le département pour le collège et la région pour le lycée), doivent donc arbitrer sur la façon dont cette augmentation sera répercutée. Du côté de la région Ile-de-France, la question est déjà tranchée avec une mesure forte pour la rentrée : "Nous avons mis en place un bouclier 'zéro inflation' avec le gel du tarif de la restauration scolaire et des transports", a expliqué le 30 août dernier Valérie Pécresse, lors de la conférence de présentation de la rentrée 2022-2023 des lycées franciliens. "(La région va effectuer) un effort financier de 4 millions d'euros (afin de ne pas) répercuter sur les familles l'augmentation des matières premières", a ajouté l'ancienne candidate LR à la présidentielle.

L'augmentation du prix de la cantine à la charge des communes ou des familles ?

Si l'augmentation du prix des repas à la cantine s'annonce inévitable, la question se pose encore de savoir à qui en reviendra le coût. Certaines villes ont décidé de l'assumer totalement ou en partie, et de ne pas la faire peser sur le budget des familles, déjà bien émoussé par l'inflation. Ajaccio, Dunkerque, Limoges, et Dijon ont d'ores et déjà opté pour cette prise en charge. Tout comme la ville de Lyon, dont la première adjointe aux finances et à la commande publique s'explique dans les colonnes du Monde : " Bien sûr, nous ressentons les premiers effets de l'inflation sur notre budget, et il va falloir prendre des mesures d'adaptation. Mais nous écartons toute répercussion sur les prix de la cantine : les ménages sont déjà dans la difficulté, nous n'allons pas en rajouter ". Une aide aux familles salutaire, même si "c'est de plus en plus difficile", ajoute Philippe Laurent, tandis que les recettes fiscales des collectivités ont considérablement baissé ces dernières années.

Aussi, devront-elles trouver d'autres sources de financement ou d'économie budgétaire pour pouvoir absorber ce coût inflationniste ? À Saint-Dié-des-Vosges, le maire a mis au point cette stratégie : "Une de nos pistes principales, ce sera un effort au niveau de la ville, sur le chauffage, en le baissant d'un degré ou en gagnant quelques jours de chauffage, de manière à économiser davantage pour que les enfants puissent avoir un bon repas chaud par jour à un prix tout à fait correct" a-t-il expliqué au micro d'Europe 1. En Côte d'Or, le tarif unique et attractif de deux euros le repas scolaire a été reconduit dans les collèges publics, assurant ainsi  l'accès à la cantine pour tous les élèves. Seule la mairie d'Avignon a pris le contre-pied de cette tendance inflationniste, en optant pour la baisse du prix de la cantine.

Des communes modifient leurs menus

Autre solution évoquée pour freiner la hausse des prix des repas scolaires : la révision des menus proposés aux enfants. De la réduction des portions à l'alternative de l'entrée ou du dessert un jour sur deux, en passant par moins de choix au self, tout est envisagé par cette certaines communes pour pouvoir maintenir leurs prix. En Seine-Maritime, le maire de Caudebec-lès-Elbeuf a décidé, en se concertation avec les parents, de réduire le nombre de plats proposés aux 700 élèves de primaire qui déjeunent les midis à la cantine. Désormais, le traditionnel menu composé de 5 éléments (entrée, plat, accompagnement, laitage et désert) s'allège, privant ainsi les enfants d'entrée, de fromage ou de desserts selon les jours de la semaine. Une mesure qui semble efficace, puisque cela a permis à la commune de faire passer "le surcoût lié à l'inflation de 32 000 euros à 6 000 euros", a rapporté France Info

D'autres mairies ont fait d'autres choix, comme à Mouans-Sartoux dans les Alpes-Maritimes qui a réduit la quantité de viande dans les menus. Les repas sont pour la plupart (50%) végétariens, la commune mise tout sur sa propre production de légumes. "Lorsqu'on cuisine des produits végétariens et maison, ça revient deux fois moins cher à produire", a déclaré l'adjoint au maire, Gilles Pérole à nos confrères. Et si certaines denrées sont vraiment trop chères, on passe au plan B. Le prix de l'huile a décollé ? À Limoges, la cuisson vapeur sera dorénavant priorisée. Tout l'enjeu reste de pouvoir supporter cette inflation sur le long terme, sans amoindrir la qualité et la variété des repas proposés aux enfants.